Une fin d'année particulièrement intenable pour les Algériens. De l'avis des observateurs politiques et des citoyens, l'Algérie est loin d'être sortie de la crise qui la ronge depuis des années. Pire, même avec une manne financière des plus enviables, elle traîne comme un boulet tous ses maux. Au lieu de tenter de s'en défaire, ce boulet a amassé au fil du temps lourdeur et complexité, sans que ne se profile à l'horizon une lueur d'allégement des souffrances des citoyens. Caisses pleines, couffins vides Le retour d'une paix qui ne dure que le temps d'un relâchement de la vigilance des services de sécurité n'est point un trophée à faire miroiter à la face du monde. La série d'attentats kamikazes ayant émaillé le cours de cette année 2007 a fini par jeter peur et inquiétude dans les cœurs et les foyers. Une peur assaisonnée à un mal-vivre répandu et un ras-le-bol généralisé. La faiblesse du pouvoir d'achat a atteint les limites du raisonnable et de l'entendement. Tour à tour, les prix de la pomme de terre, du lait, de la semoule, de l'huile de table, ainsi que de tous les produits de base nécessaires à alimenter une population de plus en plus pauvre, échappent au contrôle de l'Etat. Les fameux plans de relogement et de lutte contre le chômage ont largement consommé leur échec. Il ne se passe pas un jour sans qu'une manifestation de colère n'éclate à l'intérieur du pays, dont l'élément déclencheur trouve aisément matière à justification dans la précarité de la vie sociale. L'Algérie des 100 milliards de dollars de réserves de change est en souffrance. Les caisses de l'Etat sont pleines, mais les couffins sont vides. L'Algérie a fini par s'inventer un sobriquet des plus réducteurs mais qui malheureusement lui colle comme une deuxième peau : « Un pays riche au peuple pauvre. » Le constat est amer, mais réaliste, c'est même un paradoxe algérien qui trouve tout son sens dans la déclaration des bénéfices pétroliers qui font face à une bidonvillisation galopante des villes algériennes. L'Etat mercantile et thésauriseur semble fermé à une réalité alarmante, voire même à une ébullition sociale aux relents de colère. Aux harraga troquant leur vie contre un lendemain meilleur, l'Etat offre le bâton. Aux syndicats autonomes bataillant pour les droits des travailleurs, l'Etat affiche son mépris. Aux demandes d'augmentation de salaires, l'Etat concède des miettes. Et au besoin de sécurité, l'Etat renvoie la balle aux citoyens. Comment ce citoyen peut-il se protéger d'une bombe, s'il est vulnérable et n'arrive même pas à faire face aux aléas de son quotidien. Lui demander de rester vigilant, de compter le moindre sou dépensé, de guetter le moindre tremblement de terre et de se trouver livré à l'acharnement des pluies battantes, est tout de même pousser le bouchon trop loin. Il y a péril en la demeure Algérie, y a-t-il un entendeur ?