Et ça repart… ! Le feuilleton de lecture des motions de soutien à un troisième mandat présidentiel pour le virtuel candidat Bouteflika en vogue en 2004 est reconduit en trombe… Ce lundi à Tamanrasset, un jeune de ce qu'il convient d'appeler « la société civile », comme le veut la propagande officielle pour donner crédit à la sentence, a prononcé la théâtrale « Moubayâa » dans laquelle il force presque la main au « raïs » de se porter candidat en 2009. Le jeune en question, dont la prestation n'a rien d'improvisée, a pris place sur une tribune d'un stade neuf que Bouteflika inaugurait pour lire le texte appelant à la « Ouhda Thalitha » (troisième mandat) dans un moment que les instigateurs de ce show ont voulu solennel. Le président Bouteflika, qui décidément semble parfaitement éprouver plaisir d'entendre cette suppliante rengaine, faussement populaire, écoutait religieusement le speech avec un large sourire en coin. Le Tam tam a donc retenti à Tamanrasset et au suivant... Et pour la télévision nationale, ce fut sans doute le clou de cette visite présidentielle à Tam et le message politique qu'il ne faudrait aucunement rater. Après tout, ce déplacement dans le désert vaut moins par les chantiers à inaugurer ou réinaugurer au profit des populations que par les dividendes politiques qui allaient être tirés. Ce fut à peu près à la même date au début de cette année 2003 que le Président a pris son bâton de pèlerin pour aller… écouter la bonne parole du peuple d'en bas. Celle qui s'égosillait aux cris de « Ouhda Thania ». Il faut croire que le procédé, pour populiste qu'il apparaît, n'en est pas moins porteur puisque les architectes de cette trouvaille ont décidé de remettre en selle les lecteurs de ces motions. Et aux yeux des téléspectateurs de l'unique, le message ainsi véhiculé est clair : ce sont les Algériens qui réclament une rallonge de mandat à Bouteflika ! Il ne lui reste qu'a délier les cordons de sa bourse pour distribuer des enveloppes en millions de dinars pour replanter le même décor que celui de 2003-2004. Autrement dit, les huit années de pouvoir n'ont pas suffi pour témoigner de l'amour que le peuple porte à son Président… Or, s'il y a bien un indicateur fiable sur lequel le peuple peut s'appuyer pour se faire une idée sur les hommes, c'est bien celui de leurs bilans. Et là, au risque de froisser les partisans zélés de la « Ouhda Thalitha » et autres thuriféraires du régime, tout n'est rose dans la maison Algérie durant le règne de Bouteflika. Encore que si la Constitution algérienne permettait à M. Bouteflika de postuler à sa propre succession, personne n'aurait trouvé à redire sur son désir légitime. Or, on est bien dans une logique de coup de force qui veuille que l'on torde le cou au texte fondamental juste pour assouvir un dessein. En cela, l'Algérie n'est pas loin de la république héréditaire de Syrie où l'on eut recours à un amendement express de la Constitution pour permettre à Bachar, le fils de son père, de s'emparer du « trône ». Chez nous, ces jours-là, on se payait la tête de ces Syriens qui se laissent ainsi duper, comme on s'apitoyait sur le sort de l'alternance politique en Tunisie quand Ben Ali a décidé de s'autoreconduire presque à vie. Il faut reconnaître qu'avec la révision constitutionnelle en préparation, l'Algérie n'est pas loin de ces modus operandi. Nous aurions ainsi rattrapé la Tunisie dont Bouteflika n'a jamais caché son admiration pour le modèle, pendant que le Venezuela d'Hugo Chavez, le Mali et même la Mauritanie nous renvoient tout droit vers l'école de l'apprentissage de la démocratie dont nos gouvernants se gargarisent à coups de discours. Il est vrai cependant que quand on entend une responsable d'un parti prétendument d'opposition et idéologiquement très à gauche apporter un soutien « inespéré » à cette entreprise, Bouteflika évolue tout compte fait sur du velours. Alors, vivement 2009 !