Tapis rouge et discours dans la logique des relations liant les Etats -Unis et Israël. Les dirigeants israéliens en ont même rajouté hier en accueillant le président américain, le premier ministre israélien lui déclarant qu'il était « l'allié le plus fort (d'Israël, ndlr) contre le terrorisme ». Ou encore : « Vous êtes notre allié le plus fort, ainsi qu'un soutien ferme dans notre quête pour la paix et la stabilité », a déclaré M. Olmert peu après la descente d'avion de M. Bush. En réponse, George Bush a dit voir une « nouvelle chance » pour la paix au Proche-Orient et a affirmé la force de l'alliance entre les Etats-Unis et Israël. L'alliance avec les Etats-Unis contribue à garantir la sécurité d'Israël comme « Etat juif », a-t-il déclaré. « L'alliance entre nos deux nations contribue à garantir sa sécurité en tant qu'Etat juif », a dit M. Bush en évoquant Israël. On sait que les Etats-unis et Israël sont liés par une alliance stratégique ; mais, en ce qui concerne la paix, il y a lieu de se montrer dubitatif. De quelle paix peut-il s'agir quand Israël bafoue toutes les lois internationales, assuré d'une certaine impunité, et s'engage dans des actions unilatérales en ce qui concerne ses relations avec les Palestiniens ? C'est le cas de tout processus de paix, et en ce qui concerne cette fois la venue de Bush, elle a été précédée par une décision israélienne d'étendre la colonisation juive. Voilà donc ce qui marque la visite du président George W. Bush, arrivé hier en Israël pour une visite historique de trois jours qui le conduira aussi dans les territoires palestiniens. M. Bush est le quatrième président américain à se rendre en Israël après Richard Nixon en 1974, Jimmy Carter en 1979 et Bill Clinton en 1998. M. Bush entame une visite historique censée aider Israéliens et Palestiniens à conclure un accord de paix dans la dernière année de son mandat, sept ans après son arrivée au pouvoir. Pour M. Bush, souvent accusé d'avoir délaissé la question israélo-palestinienne, il s'agit d'aider le Premier ministre israélien Olmert et le président palestinien Mahmoud Abbas à tenir la promesse faite sous ses auspices à la Conférence d'Annapolis (Etats-Unis) en novembre : s'entendre d'ici à fin 2008 sur les termes d'un accord conduisant à la création d'un Etat palestinien coexistant en paix avec Israël. M. Bush devait rencontrer, hier, séparément, selon son programme actuel, les dirigeants israéliens et palestiniens, aujourd'hui, ainsi que le représentant du quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair, demain. Il se partagera entre Israël et la Cisjordanie, évitant la bande de Ghaza, l'autre territoire palestinien passé sous le contrôle du Hamas en juin. Mais il y a d'autres espaces que M. Bush ne verra pas. Des quartiers entiers d'El Qods sont en effet bouclés. L'armée israélienne a décrété le bouclage de la Cisjordanie. M. Bush arrive précédé par un scepticisme largement répandu et des attentes de part et d'autre : les Palestiniens espèrent qu'il fera pression sur les Israéliens pour que cessent la colonisation et les raids ; les Israéliens, qu'ils défendent leurs intérêts. La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, qui accompagne M. Bush, a déconseillé d'attendre une « percée » de ce séjour. On dira encore une fois que les Américains ont le mérite de la clarté, malgré les discours, comme en ce qui concerne la paix largement développé hier à l'aéroport de Tel-Aviv. Les Israéliens, ne cesse-t-on de constater, entendent imposer leur vision de la paix, et une telle démarche ruine tous les espoirs.