Les travaux des deux réunions au sommet sur le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), auxquels prendront part près d'une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains s'ouvrent aujourd'hui à Alger. Ce double rendez-vous continental comprend la 12e réunion du comité des chefs d'Etat et de gouvernement pour la mise en œuvre du NEPAD et la seconde réunion du forum des chefs d'Etat et de gouvernement des pays participant au Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP). La première réunion sur le forum des chefs d'Etat et de gouvernement participant au MAEP - destinée au renforcement de la gouvernance politique, économique et d'entreprises - permettra de faire le point général sur les progrès réalisés depuis mars 2004. Le lancement de ce mécanisme, auquel participent 23 pays, s'est déjà traduit par le déploiement des premières missions de soutien et de contact dans quatre pays africains qui se sont proposés de subir l'évaluation. Il s'agit du Rwanda, du Ghana, de Maurice et du Kenya. L'Algérie fera partie du second groupe de pays devant être évalués en 2005. Dans cette perspective, les responsables algériens viennent d'annoncer le lancement du processus de mise en place du dispositif chargé de conduire et de superviser la préparation de l'évaluation et du programme d'action de notre pays en matière de gouvernance. L'Afrique, un continent en mutation La seconde réunion sera consacrée aux travaux de la 12e rencontre du comité des chefs d'Etat pour la mise en œuvre du NEPAD. Celle-ci permettra, a annoncé samedi le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, de procéder à l'évaluation globale de ce qui a été entrepris depuis le lancement effectif du NEPAD adopté en 2001 par l'Union africaine. Ce bilan triennal portera plus spécifiquement sur les progrès enregistrés dans la mise en œuvre du NEPAD ainsi que sur l'évaluation du partenariat que l'Afrique a initié avec ses partenaires internationaux, le G8 tout particulièrement. Le lancement du NEPAD est intervenu, mentionne-t-on, dans le sillage du sommet d'Alger de l'OUA en 1999, un événement ayant permis de jeter les bases du renouveau africain et du redressement socioéconomique du continent. Dans la déclaration adoptée à l'issue de ce sommet, les dirigeants africains ont affirmé solennellement leur détermination à prendre en charge les défis multiples auxquels fait face le continent et plaidé en faveur d'un partenariat international authentique, mutuellement avantageux et fondé sur l'équilibre des intérêts et le respect mutuel. Les engagements pris par les dirigeants africains fondent les principes fondateurs de la démarche africaine qui a donné naissance à la fois à la transformation de l'Organisation continentale en une Union africaine et au NEPAD. Aujourd'hui, le NEPAD représente globalement le programme socioéconomique du continent. Il a pour objectif de permettre à l'Afrique de réunir les conditions d'une paix et d'un développement durables. L'initiative africaine lancée par les chefs d'Etat de l'Algérie, de l'Afrique du Sud et du Nigeria durant l'année 2001 - et rejointe en cours de route par le Sénégal et l'Egypte - est définie ainsi comme « une démarche rénovée visant à mettre en place les conditions d'une croissance et d'un développement durables ainsi que l'intégration du continent ». Dans ce cadre, le NEPAD assigne un rôle primordial aux communautés économiques régionales en tant que piliers d'exécution et de suivi des programmes et projets de développement et d'intégration du continent. Gouvernance La double rencontre au sommet des dirigeants africains d'aujourd'hui a été précédée, rappelle-t-on, de deux réunions préparatoires. Il s'agit de la réunion du comité directeur du NEPAD et de la 8e réunion du panel des éminentes personnalités du MAEP. Les travaux de l'atelier africain sur la gouvernance et sur l'échange d'expérience ont débuté samedi à la résidence El Mithaq. Les réunions préparatoires se sont, quant à elles, poursuivies tard dans la journée d'hier. Celles-ci ont examiné et finalisé les dossiers devant être soumis et adoptés aujourd'hui au double sommet d'Alger du NEPAD. Les membres du panel et du comité directeur (les deux mécanismes institutionnels du NEPAD) devaient tenir hier une réunion de coordination pour enrichir et finaliser l'ensemble des textes de propositions et bilans de trois années d'existence de ce premier cadre de concertation interafricaine. En ce sens, l'importance du rendez-vous d'Alger, ville qui est devenue ces trois derniers jours la capitale de l'Afrique, réside dans le fait qu'il permettra, surtout, aux dirigeants africains de mettre à nu les points forts, les handicaps, les difficultés et les nécessaires efforts d'innovation et initiatives à entreprendre pour donner au NEPAD et à l'Afrique toutes les chances pour relever le pari du développement et de la mondialisation. Certes, le NEPAD n'est pas indemne de reproches. Il faudra certainement encore plus de temps et de moyens pour bien huiler la machine. Mais depuis son lancement à nos jours, bien des succès ont été remportés. Le plus dur aura été, sans doute, d'installer la mécanique et de convaincre les Africains de prendre eux-mêmes en charge leur destin et avec leurs moyens propres. Pour un continent en proie au doute et à la dévastation, cela ne fut pas une mince affaire. Bien qu'aujourd'hui limités, les pas déjà franchis grâce au NEPAD augurent de perspectives encourageantes pour l'Afrique. Ainsi, le pari, en partie gagné, consistant à « éradiquer » les conflits aura certainement pour effet de convaincre les plus sceptiques du continent de croire en cette démarche. Car, dès lors que les Africains ont appris à faire la paix, tout reste possible.