En présidant hier une réunion avec les opérateurs du tourisme sur la mise en place du plan qualité tourisme Algérie (PQTA), Cherif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, s'est voulu le plus clair possible : l'Etat veut orienter, fédérer, accompagner et favoriser le rapprochement des acteurs et c'est aux opérateurs de donner « un contenu concret » à la nouvelle stratégie de développement du tourisme en Algérie. Si le ministre le souligne avec insistance, ce n'est pas pour faire dans la répétition. Il a constaté depuis sa prise de fonction que chaque opérateur faisait la promotion du tourisme à sa manière et dès que la machine grince, il jette la balle à l'Etat. Notre participation aux salons étrangers est certes importante, mais il semble que les Algériens y vont en rangs dispersés. La Maison Algérie était quasi absente. Les visiteurs ne disposent que d'une faible visibilité. « L'image, ce n'est pas uniquement le spot, le film ou l'article quelle que soit la capacité de celui qui l'écrit. Il y a la prestation. La qualité est un élément essentiel. Nous allons engager des experts pour revoir l'image et la qualité. Soyons clair : il y a ceux qui disent et écrivent sur les dysfonctionnements (mauvais accueil, prestations qui laissent à désirer) et qui ouvrent les yeux sur des réalités corroborées par des enquêtes sur le terrain. Si nous voulons être au même niveau que les Tunisiens et les Marocains, nous devons être compétitifs. La différence doit être créée à ce niveau », a affirmé M. Rahmani. N'ayons pas peur des mots : nous avons un immense retard, accumulé pendant des décennies, à rattraper et le ministre plaide pour « un assemblage d'actions, car aucun ministre ne pourra rien faire s'il n'y a pas de mobilisation ». L'adhésion à la démarche du plan qualité tourisme n'est pas coercitive, mais repose plutôt sur la conviction profonde de tous les opérateurs de se hisser à un statut de véritable professionnel dont la seule préoccupation est la satisfaction pleine et entière de la clientèle. Et pour passer des beaux discours à l'action, un contrat de performance et d'engagement a été signé hier à Alger entre le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme et la Société d'investissement hôtelier (SIH). Dans un premier temps, il concerne la mise à niveau de l'hôtel Sheraton pour qu'il soit mis aux standards internationaux. « Il y a des choses bonnes et des choses moins bonnes au Sheraton », a affirmé le ministre. Des contrats similaires seront généralisés à d'autres établissements activant dans le secteur du tourisme, tels que les grands restaurants, les agences de tourisme, les ports et les aéroports notamment. D'autres hôtels seront aussi concernés. En choisissant le Sheraton comme exemple, le ministre veut adresser un message aux grandes chaînes hôtelières : investir oui, mais pas n'importe comment. Il n'y a pas de raison pour que les « hôtels étoilés » d'Algérie soient moins bons que ceux des autres pays. L'Etat qui a toléré jusque-là un certain seuil d'écart ne veut plus fermer les yeux. Qui va évaluer ? Le ministre dira que ce rôle sera dévolu à un bureau d'études indépendant, de dimension internationale. Ce ne sera donc ni le ministre ni un directeur central qui s'acquittera de cette tâche pour éviter la complaisance et les petits coups de pouce... Concernant le financement des projets touristiques, le ministre a souligné qu'« avec le chef du gouvernement, nous avons évoqué la probable étude de lancement d'une banque de financement spécialisée ». A l'horizon 2015, l'objectif de l'Algérie est d'accueillir 2,5 millions de touristes. La consistance de l'offre touristique en matière d'infrastructures se traduit à travers 1064 structures hôtelières représentant une capacité d'accueil de 84 870 lits en constante augmentation au cours des dernières années (30% au cours des 7 dernières années). Elle est fortement localisée dans la mesure où seulement six wilayas disposent d'une capacité d'accueil de plus de 2000 lits. Elle reste limitée, très urbaine et peu adaptée au marché international (à peine 10% des établissements sont aux normes internationales). Dans le même ordre d'idées, elle est principalement axée sur l'urbain qui représente 48% des capacités d'accueil et le balnéaire qui en représente 32%. C'est également l'urbain qui engrange les projets de construction de grands hôtels de chaîne.