Les cheveux en bataille, Mehdi Bilal Ghazi, reste toujours égal à lui même. D'aucuns assurent d'ailleurs que son passage par le centre d'Orford au Canada l'a marqué. Plus mesuré mais toujours aussi talentueux, le jeune Oranais de 17 ans plaît à tout ceux qui l'ont approché. Il a été accueilli à la résidence de l'ambassadeur du Canada et sera entouré de toutes les sollicitudes. Un piano « pro » a été mis à sa disposition et toute la cour de la résidence somptueuse de Ben Aknoun lui a été consacrée, lors de ses vacances assez courtes qu'il a passées dans sa ville natale, Oran. « L'ambassadeur y tient beaucoup », relève Salim Agar en affirmant que Mehdi Ghazi s'est présenté devant le gotha algérois qui ont apprécié son génie. Le chargé de communication de l'ambassade lui même artiste à ses heures perdues, s'en est réjoui et assure que ce jeune artiste ne déçoit jamais ceux qui sont confiants en son talent. Des connaisseurs ont su déceler chez ce natif d'Oran, où le raï régne en maître, un talent rare, notamment le pianiste canadien Alain Levfèvre et l'ambassadeur du Canada en Algérie, Robert Peck. En hommage à ces deux mécènes, Mehdi Ghazi jouera avant l'entracte d'un concert donné en 2007, à l'auditorium de la Radio nationale, un inqilab zidane. Un régal pour ainsi dire. M. Lefèvre, pianiste de renom a assuré lors d'une tournée à Alger, que son rêve était de voir Mehdi Ghazi de devenir un grand pianiste. « Ce jour-là, je me sentirai, insiste-t-il, le plus heureux du monde ». Il a fallu l'intervention de ces « étrangers » pour voir naître au grand jour cet artiste en herbe, qui ne cesse pas d'étonner et de détonner. Le mécénat de l'ambassade a réussi, puisque les autorités algériennes l'ont pris en charge « complètement », quoique sur le tard. Les frais de ses études au conservatoire au Canada seront ainsi assurés par l'ambassade algérienne. « Un peu tardivement, mais c'est toujours bien de voir le pays qui l'a vu naître se l'approprier », estime-t-on. Et dire que le pianiste qui vivait loin d'Oran a commençé à jouer sur un piano datant de 1903. « Mon rêve a toujours été d'avoir un piano, je l'ai réalisé après en achetant un piano plus costaud », relève-t-il. Des concert, Mehdi en donnera beaucoup et il saura toujours subjugué un public profane, pas toujours au fait d'une musique exigeante et raffinée. Agé à peine de 13 ans, Mehdi Ghazi s'est déjà produit en 2002 à la maison des jeunes Maoued Ahmed à l'initiative, assure-t-on, de musiciens locaux. De Appassionata (sonate n°23 en fa ) il enchaînera lors d'une soirée à Oran, avec un Impromptu en mi bémol op.90 n°2 de Schubert ou encore La valse en ut dièse mineur op.64 n°2 de Chopin. Les influences de Ghazi reste multiples et ses découvertes ne cessent d'augmenter. « On m'a ramené des partitions d' Iggerbouchène et j'ai déchiffré ses notes, c'est un régal », soutient-il. De l'héritage du pianiste, Ghazi ne s'en éloigne pas, c'est sûr.