Boudjemâa Haïchour, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, a tenu, hier à l'occasion de la célébration du 6e anniversaire d'Algérie Poste, à être clair concernant le départ de Ghania Houadria, directrice générale d'Algérie Poste. Tout en précisant que « personne n'est éternel dans son poste », il a ajouté : « La directrice m'a informé de son intention de départ à la retraite. Elle a travaillé pendant 5 ans à la tête d'une entreprise de 27 000 travailleurs et a conduit les réformes de toutes ses forces. » Il y a quelques jours, après avoir lu des articles défavorables dans les journaux, elle m'a demandé de la laisser partir. « Je n'avais pas l'intention de la démettre de ses fonctions à cause de cela, d'autant plus que mes prérogatives de ministre me permettent pas de mettre fin aux fonctions quand je constate que les choses ont pris une mauvaise tournure. Je lui ai recommandé de réfléchir sans savoir que le dossier a déjà été déposé au niveau des fonds spéciaux de retraite. » Le dossier a été envoyé par le biais de la directrice des ressources humaines qui en a informé le ministre. « J'ai cru qu'elle avait l'intention de partir à la retraite, il y a une différence entre des intentions et un dépôt de dossier », explique-t-il. Le dossier de retraite a été envoyé le 27 septembre 2007 avec accusé de réception. Boudjemâa Haïchour n'a guère apprécié cette attitude et il l'a fait savoir devant les journalistes, les travailleurs et les cadres de l'entreprise. « Dans les hautes responsabilités de la fonction publique, il y a une déontologie, une réserve et une retenue, on est respectueux des lois de la République, on doit informer son chef hiérarchique pour tout. Je suis tenu à ce qu'il n'y ait pas une quelconque déstabilisation. Il y a eu une déstabilisation médiatique il y a quelques jours à son encontre, ce n'est pas l'œuvre de ses proches collaborateurs, c'est elle qui a décidé de partir à la retraite, personne ne l'a contrainte », précise-t-il. Il considère cet état de fait comme étant une insubordination de la part de la directrice générale. « La DRH m'a ramené tout le dossier signé de sa part, cette situation m'a mis dans une gêne moralement. Personne n'est indispensable. Je n'ai été informé officiellement du dossier que le 4 décembre », dit-il. Il lui a accordé un ultimatum : si elle désire continuer sa mission, elle devait faire une demande écrite renonçant à sa demande de départ à la retraite hier après-midi « car dans tous les cas, je dois prendre une décision (hier soir) », a avancé le ministre. Boudjemâa Haïchour veut imposer son autorité et d'après l'entourage de Mme Houadria, elle n'a nullement l'intention de faire marche arrière. Dans tous les cas, les rapports entre eux ne seront plus les mêmes. La confiance est ébranlée et rien ne sera comme avant. Les investissements d'Algérie Poste de 2003 à ce jour sont évalués à plus de 20 milliards de dinars, dont 6 milliards du programme de soutien à la relance économique (PSRE), soit 4 milliards par année, quatre fois plus d'investissements consentis annuellement avant les réformes. Il y a aussi 17 millions d'euros pour le centre de tri qui a été délocalisé à Bir Touta et construit selon les normes internationales. La poste s'est autofinancée et elle n'est plus affiliée au budget de l'Etat. Investie d'une mission de service public, elle est aussi soumise à des performances commerciales et à des exigences de rentabilité, en tant qu'entité économique opérant sur un marché de plus en plus concurrentiel. 4,5 milliards de dinars sont prévus pour 2008 dont 1,4 milliard de dinars pour la construction et la réhabilitation des bureaux de poste. Lancée fin 2005, la monétique a connu un développement appréciable avec comme objectif la distribution de 4,5 millions de cartes magnétiques à puce à fin janvier. L'opérateur postal est en réalité à 3 millions de cartes fabriquées et celles qui sont distribuées et activées sont à peine de 2 millions. Parmi les projets en développement, Algérie Poste compte ouvrir des services de messagerie électronique en quatre étapes : messagerie interne réservée à l'encadrement d'Algérie Poste et aux chefs d'établissements des recettes principales, extension à tous les employés puis aux grands comptes par hébergement de noms de domaine et extension aux particuliers. L'opérateur postal enregistre des « résultats nets positifs » depuis sa deuxième année de création, enregistrant en 2006 un chiffre d'affaires en hausse de « plus de 27 milliards de dinars ».