Le constat était amer, car nous avons été stupéfaits de remarquer que depuis jeudi dernier, aucune prise en charge matérielle ou psychologique n'a été effectuée au profit des sinistrés. Au niveau de l'Ex-« Prisunic » de la commune de Boufatis, où cinq familles ont été recasées, nous avons appris qu'elles ont dû passer trois nuits consécutives dehors, vu que le recasement n'a eu lieu que le samedi après-midi. Les familles ont par ailleurs exprimé leur inquiétude vis-à-vis de l'état des lieux, où des fissures béantes sont très apparentes sur les murs de l'infrastructure. « Cet endroit est une zone à risque, donc comment peut–il servir d'abri pour nos enfants ? », s'interroge F. Abdelkader, un chef de famille âgé de 45 ans. Il est à noter que l'ensemble des locaux, dont la date de construction remonte aux années 1970, représente un danger pour les sinistrés. A propos du soutien psychologique, toutes les familles rencontrées sur les lieux nous ont confiés qu'elles n'ont reçu aucune équipe, hormis celle du Croissant Rouge Algérien. Un jeune couple nous a montré, preuve à l'appui, l'état de sa fille F. Anissa, âgée de trois ans, qui souffre de troubles psychologiques depuis le drame. Les dix familles sinistrées, recasées au niveau des locaux commerciaux de Sidi Baroudi, nous ont fait savoir qu'elles ont passé cinq jours dans la rue. « Il fallait observer des sit-in quotidiens devant le siège de l'APC pour revendiquer notre doit au recasement, comme tous les sinistrés. D'ailleurs, les autorisations de recasement dans les locaux ne nous ont été accordées que lundi après-midi », dira le représentant des familles, M. Allal. Le problème soulevé par l'ensemble des sinistrés au niveau de ces locaux est relatif au relogement. Travaux de confortement S'agissant dans ce cadre des familles qui étaient locataires des lieux ravagés par le séisme, « je crains que le propriétaire saisisse l'occasion pour nous chasser définitivement de la maison, après l'achèvement des travaux de réparation qui vont être entrepris dans les bâtisses », dira un chef de famille. D'autres familles confient qu'elles ne sont pas intéressées par le relogement dans des appartements. « Nous demandons que nos habitations soient réintégrées au terme des travaux de réparation et de confortement engagés dans le cadre de l'aide de l'Etat. Quant aux logements, nous pensons qu'il est préférable de les réserver aux sinistrés qui étaient locataires », dira M. Bensedjrari, un sinistré rencontré sur les lieux. Par ailleurs, l'on a constaté que le recasement dans des sites appropriés a été durement critiqué par les sinistrés des zones éparses. En effet, les sept familles abritées sous les tentes au niveau de la forêt dite « Lassas », ont refusé d'être recasées ailleurs, eu égard à la nature de leurs activités agricoles (élevages, entre autres). Le premier responsable de l'APC a révélé que le nombre des sinistrés a atteint 33 familles, selon le dernier rapport d'expertise établi par le CTC. Il a tenu également à signaler que la durée du recasement des sinistrés demeure indéfinie, vu que le relogement n'est pas évident dans ces conditions. « Il est vrai que cette collectivité locale dispose d'un programme de 120 logements implantés à Haï Salem. Le taux d'avancement des travaux est actuellement de 50%. Cependant, il n'est toujours pas établi que ces appartements soient réservés au relogement des familles sinistrées », a-t-il affirmé. Selon notre interlocuteur, une commission de Daïra sera installée dans les prochains jours, conformément aux instructions du chef de Daïra de Oued Tlélat, afin d'étudier les cas des sinistrés. En ce qui concerne l'absence de spécialistes pour la prise en charge psychologique des familles sinistrées, le P/APC nous a informés que l'équipe de psychologues a visé la population infantile scolarisée dans les quatre établissements primaires du Chef–lieu de la commune.