La rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays du pourtour méditerranéen, communément appelé « le groupe des 5+5 » qui s'est ouvert, hier à Oran, regroupant les chefs de la diplomatie du Portugal, de la France, d'Espagne, d'Italie et de Malte et ceux du Maghreb arabe, en l'occurrence l'Algérie, la Tunisie, la Libye, la Mauritanie et le Maroc, s'est caractérisée par l'absence, très remarquée, du ministre des Affaires étrangères du royaume chérifien qui a suscité moult interrogations. En effet, le ministre des Affaires étrangères du Maroc, Mohamed Benaïssa, est remplacé par Farès El Fehri, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines, à la rencontre d'Oran. Il serait porteur, croit-on savoir, d'une lettre adressée à Abdelaziz Belkhadem, exprimant la volonté et l'attachement du royaume chérifien à œuvrer dans le cadre de la coopération euro-méditerranéenne. De source proche du ministère des Affaires étrangères, on tente de minimiser cette défection en avançant que Mohamed Benaïssa ferait partie de la délégation officielle devant accompagner le roi Mohammed VI en Amérique du Sud. Cependant, de nombreux observateurs politiques n'ont pas manqué, compte tenu de l'importance que revêt cette rencontre pour la partie algérienne, de rattacher, à tort ou à raison, cette absence au conflit du Sahara-Occidental et aux tensions qui ont caractérisé les relations algéro-marocaines ces dernières semaines. En tout état de cause, les travaux du sommet d'Oran ont commencé au cours de la matinée d'hier par une rencontre de coordination d'un groupe d'experts qui s'est attelé à unifier les points de vues sur les différents points inscrits à l'ordre du jour de la rencontre, prévue à 20 h, des ministres des Affaires étrangères. L'on apprendra par ailleurs que de nombreux dossiers sont à l'ordre du jour, notamment ceux relatifs à la sécurité et la stabilité en Méditerranée, à l'intégration maghrébine, aux questions d'actualité qui dominent la scène politique internationale notamment la question palestinienne et la situation en Irak. Le dossier relatif à l'immigration clandestine et la libre circulation des personnes, selon certaines indiscrétions, ferait l'objet d'une discussion au niveau de la plénière, car il nécessite non seulement une prise de décision au plus haut niveau mais aussi une réelle volonté politique. En l'absence d'information officielle, certaines indiscrétions laissent entendre qu'ils buteraient sur l'épineuse question de la création des fameux centres de transit, une sorte de zone tampon, au sein des pays de la rive sud de la Méditerranée et auxquels l'Algérie reste foncièrement opposée contrairement à certains membres de l'Union du Maghreb arabe. Pour rappel, c'est en 1983 que l'idée de mettre en place un cadre de dialogue pour les pays riverains de la Méditerranée occidentale a été lancée. Ce concept de forum visait, selon ses promoteurs, à substituer aux accords bilatéraux et sectoriels un dialogue global entre les deux rives de la Méditerranée et mettre en place un espace de concertation et de réflexion au sein duquel des Etats partageraient ensemble des valeurs communes, à savoir humanitaires - le respect des droits de l'homme, la tolérance culturelle et religieuse -, politiques - démocratie et Etat de droit -, et enfin économiques - économie de marché et zone de libre-échange. Le groupe d'experts a, au cours d'une séance à huis clos, proposé l'évaluation du processus de Barcelone sur le plan interrelationnel, la création d'un forum d'instituts diplomatiques communs, l'organisation de rencontres de spécialistes et de groupes interparlementaires et enfin l'organisation de séminaires et de conférences en vue de rapprocher les médias et la société civile.