Alger est appelée à jouer un rôle nodal dans la lutte contre ces fléaux. Oran s'est parée pour accueillir les travaux du sommet de la rencontre du groupe des 5+5 qui dureront 2 jours. Outre la présence de M.Michel Barnier, le chef de la diplomatie française, plusieurs personnalités de haut rang sont attendues à la résidence El Bahia qui abrite, à l'occasion, la première grande rencontre depuis son inauguration en 2003. Les ministres des Affaires étrangères des 5 pays européens (France, Italie, Espagne, Portugal et Malte) et leurs homologues maghrébins (Algérie, Tunisie, Maroc, Mauritanie et Libye) plancheront au cours des travaux de ce 4e rendez-vous (la 3e édition s'était tenue en Tunisie au mois de décembre 2003 et avait été suivie d'une rencontre interministérielle tenue au mois de septembre dernier à Alger) sur plusieurs sujets d'intérêt commun comme la lutte contre l'immigration clandestine, le terrorisme la coopération économique dans la région et la relance du processus de Barcelone (1995) qui avait jeté les bases d'un dialogue euro-méditerranéen. La guerre contre le terrorisme suppose une coopération multiforme entre les pays du Groupe menacés, à plus d'un titre, par des groupes de desperados radicaux et un flux migratoire clandestin qui commence à prendre des proportions alarmantes. L'Espagne, la France et le Maroc sont devenus des cibles des cellules dormantes des groupes liés à la nébuleuse Al Qaîda. L'Algérie, qui a payé un lourd tribut pour retrouver paix et sécurité avait souhaité, dès 1993, une coopération entre les pays du Bassin méditerranéen. Ses appels sont restés sans écho et il aura fallu les attentats du World Trade Center et ceux de la gare de Madrid pour que nos partenaires se rendent à l'évidence et prennent conscience des réels dangers du terrorisme qui ne s'embarrasse guère de frontières quand il s'agit de frapper. La rencontre d'Oran, qui sera probablement sanctionnée par une déclaration commune, constitue un cadre de dialogue euro-méditerranéen capable de relancer le processus de Barcelone paraphé en 1995 et remisé au placard depuis, pour des raisons internes propres aux pays qui l'avaient initié. Ce processus qui prévoyait les mécanismes d'un dialogue entre l'Europe et les pays de la rive sud de la Méditerranée, a été mis à mal par un «parasitage» né au lendemain des attentats du 11 septembre. Depuis, à la volonté d'un dialogue sincère sur des questions d'intérêt politique social ou économique, s'est substitué un débat des cultures entre les peuples des deux rives de la Méditerranée? un débat pour atténuer les effets d'un choc annoncé des cultures. Le chef du gouvernement espagnol José-Luis Zapatero avait souhaité, au cours d'une intervention devant l'assemblée générale de l'ONU, au mois de septembre dernier, que le dialogue des 5+5 soit une alliance des civilisations au lieu d'un choc des cultures. La lutte contre l'immigration clandestine pourrait constituer un point sur lequel pourraient achopper les travaux. Si pour les pays européens, la solution contre le fléau passe par la création de centres de tri et de sélection dans les pays maghrébins, l'Algérie a affirmé, par la voix de M.Abdelaziz Belkhadem, le ministre des Affaires étrangères que «l'Algérie ne pourra pas accepter d'avoir sur le territoire d'un pays du Maghreb un camp où seront parqués les immigrants clandestins en attendant que leurs dossiers soient régularisés dans un pays européen». Cette mise en garde prononcée la semaine dernière constitue une planche de salut pour les autres pays du Maghreb, aujourd'hui convaincus du soutien de l'Algérie dans le bras de fer qui les oppose à leurs homologues européens (l'Italie et l'Espagne surtout). Hier, et à l'heure où nous mettons sous presse, une réunion des experts se tenait au siège de la résidence El-Bahia où tout est fin prêt pour accueillir les invités.