Le port de Béjaïa maintient sa position de deuxième plus importante infrastructure portuaire au niveau national sur le plan du volume d'activité. Cependant, cette courbe de développement risque de s'affaisser dans un proche avenir en raison du manque de perspectives en matière de voies de transport terrestres. Béjaïa : De notre bureau Le port de Béjaïa continue à réaliser des performances et consolide sa position d'infrastructure en constant développement. C'est ce que soutient le bilan annuel communiqué en fin de semaine dernière par le PDG de l'Entreprise Portuaire de Béjaïa (EPB), M. Moussaoui. Les indicateurs physiques de l'activité, comparativement à l'exercice 2006, enregistrent une progression de 5 points concernant les exportations en hydrocarbures et une autre de 6 points sur le chapitre des exportations hors hydrocarbures -essentiellement du liège de l'ENL et des huiles acides du complexe Cevital. Le port qui développe la filière de conteneurisation depuis quelques années, avec notamment la création en 2005 de Béjaïa Méditerrannéan Terminal (BMT), une joint-venture associant l'entreprise portuaire et le singapourien Portek, voit le trafic via ce mode de conditionnement connaître une hausse de 23 % par rapport à l'exercice écoulé. Un résultat qui vient consolider une option axiale qui a vu le port passer de 13048 boîtes (ou EVP dans le jargon de l'activité portuaire) en 2001 à plus de 100 000 boîtes en 2007. La satisfaction est également soulignée concernant les indices de productivité qui font un bond de 30% en comparaison avec 2006. Ce sont ces performances particulières qui font, explique-t-on, la différence, puisque les armateurs, qui ont constamment les yeux rivés sur les volumes des surestaries, optent naturellement pour les quais qui leur permettent les conditions d'un traitement rapide des marchandises et donc des réductions significatives sur les coûts de fret. Une baisse est par contre enregistrée en matière de trafic passager avec - 14 % à l'entrée et - 10 % à la sortie. Un recul que les responsables de l'EPB expliquent par la préférence accordée par les voyageurs - généralement des émigrés transitant durant la haute saison - au transport aérien, avec notamment le développement du trafic à l'aéroport de Béjaïa et l'ouverture récente des vols internationaux à l'aéroport voisin de Sétif. Deux nouvelles lignes régulières, Valence-Barcelone-Marseille-Béjaïa et Sète- Béjaïa, ont été ouverte durant l'année écoulée et pourraient peut-être redresser les taux de fréquentation passagers pour les exercice à venir. Entre autres avantages offerts par l'ouverture de la ligne sur Sète - lancée officiellement en septembre 2007 et assurée par l'armateur français SNCM- la gestion du transit des véhicules neufs importés et qui n'étaient jusque-là débarqués qu'au port d'Alger. Axes routiers de plus en plus saturés Mais le développement soutenu des prestations de l'infrastructure risque dans quelques années d'être sérieusement compromis par des contraintes, souvent extérieures. Faisant pratiquement figure d'exception dans un environnement infrastructurel et économiques figé, le port attend toujours de voir, entre autres importantes démarches de développement, son projet d'extension pris en charge par le département des Travaux publics. L'étude portant sur l'aménagement de 45 nouveaux hectares vers l'est du site actuel a été réalisée et soumise à qui de droit. L'aménagement de zones d'entreposage extra-portuaires, une opération que vient de lancer l'EPB à travers l'acquisition d'une assiette de 5 ha à Ighil Oubarouak, ne fera sans doute qu'atténuer un tant soit peu la pression annoncée sur les espaces. Enfin, la crainte de voir le port de Béjaïa subir directement les conséquences d'un déclassement de la destination au profit d'autres, avec l'entrée en exploitation de l'autoroute Est-Ouest et ses infrastructures complémentaires, prend de plus en plus un sens concret. Il faut savoir en effet que la wilaya de Béjaïa n'a aucun contact avec cet axe stratégique et les pénétrantes annoncées pour établir la liaison restent pour l'heure au stade des études. Une moyenne de 1500 camions de marchandises quittent le port journellement et se déversent sur des axes routiers de plus en plus saturés. Surcoûts pour cause de laboratoires centralisés L'absence de laboratoire d'analyses in situ grève considérablement certaines activités du port. Une cargaison de blé attendra trois jours en rade pour être débarquée, puisque il faut d'abord prendre des échantillons, les acheminer pour analyse sur la capitale et que soit communiqués les résultats des examens phytosanitaires. Idem pour les analyses concernant les cargaison en fers. Beaucoup de temps perdu à l'échelle du traitement du trafic de marchandises puisque, apprend-on, les trois jours seront comptabilisés pour le déchargement avec ce que cela coûte en surestaries. " Si le port disposait d'un laboratoire, les délais pourront être réduits à deux heures " fait remarquer M. Moussaoui, PDG de l'EPB. La mise en place et l'équipement d'un laboratoire ne coûterait que 2 millions de DA, apprend on encore. Les ports de Béjaïa et de Djendjen pour les autoroutes de la mer Les ports de Béjaïa et de Djendjen (Jijel) ont été retenus par les autorités algériennes pour participer à la nouvelle initiative de l'Union Européenne portant création des Autoroutes de la mer (AdM). L'idée partie du souci d'offrir une alternative aux acheminements terrestres entre les ports de la rive nord de la Méditerranée, s'étend désormais à ceux de la rive sud, classés sur deux ensembles, la partie ouest Méditerranée et la partie Est-Méditerranée. " L'objectif des AdM est de renforcer les potentialités du transport maritime intermodal dans le cadre d'un développement des échanges régionaux durable et répondant aux exigences de sécurité, de sûreté et de cohésion régionale " est-il énoncé dans l'appel à projets lancé par les experts du programme MEDA-MoS, qui accompagne le lancement des projets pilotes devant consacrer le début de mise en œuvre des circuits d'échanges. Il s'agirait donc d'une sorte de mise à niveau devant permettre aux ports de la rive sud des fonctionnements et des qualités de prestations conformes aux outils et standards en application sur les ports européens, puis de les inscrire dans une chaîne dont le fonctionnement global dépend des performances de chacun des ses maillons. Le programme a fait déjà l'objet de réunions supervisées par l'Union Européenne, notamment à Marseille et au Caire en juin dernier. L'entreprise Portuaire de Béjaïa (EPB) a par ailleurs consacré un séminaire au sujet, au début du mois en cours.