Le marché national des boissons non alcoolisées est approvisionné presque exclusivement par la production locale, avec un taux de couverture qui frise les 100 %. Les importations sont marginales (moins de 1%) et concernent les jus et les boissons énergétiques essentiellement. De par ses caractéristiques si particulières, la dimension de son territoire, alliée à un climat très chaud, un pouvoir d'achat limité, l'Algérie a vu éclore dans toutes les wilayas des limonaderies quelquefois uniquement saisonnières, à la limite du secteur informel. Une étude descriptive réalisée en2007, par le programme d'appui au développement des PME/PMI privées en Algérie (EDPME) montre que la filière algérienne des boissons est caractérisée aujourd'hui par une structure oligopolistique. La concurrence y devient de plus en plus dure, probablement l'une des plus intenses en Algérie. Selon l'étude, le secteur est dominé par des intervenants majeurs qui s'accaparent l'essentiel des parts de marché. Mais cette filière qui a été jusqu'à présent totalement ouverte sans aucun contrôle, commence à se redresser. Il est noté, en effet, la mise en place d'un nouveau cadre réglementaire régissant les eaux embouteillées, le lancement de certains programmes de mise à niveau des entreprises et l'accroissement, même insuffisant, des contrôle de la part des services compétents . La privatisation des entreprises publiques est en cours de finalisation avec la cession des marques emblématiques nationales, telles que Benharoun, Mouzaïa, Batna et N'Gaous. Selon l'étude, qui porte sur 1465 entreprises enregistrées dans l'activité boissons au CNRC, seules 400 à 450 activent réellement. Environ 400 entreprises produisent des boissons plates et des boissons gazeuses et 33 entreprises des eaux embouteillées. En 2003, la consommation nationale moyenne en boissons rafraîchissantes sans alcool était de 35 litres /habitant /an. En 2007, elle était de 49 litres avec une progression pour les jus de fruits et boissons plates par rapport aux boissons gazeuses. Selon l'étude, ce phénomène est classique dans les modèles de consommation dans le monde, en ce sens que le consommateur cherche des produits plus sains, moins caloriques et aux bienfaits additionnels. Non respect des normes Sur le plan réglementaire, il est à noter une faibles, voire une absence (pour certain segments d'activité) de réglementation des typologies de produits et des conditions et des normes d'hygiènes dans le processus de fabrication et de conservation. Outre le non respect par un grand nombre d'entreprises de la filière, des normes alimentaires, d'hygiène et de sécurité alimentaire, il y a lieu de relever l'insuffisance de normes nationales et de références professionnelle pour les producteurs couvrant la fabrication des boissons, particulièrement les boissons aux fruits plates et gazeuses et les eaux fruitées. Cela pénalise les véritables fabricants professionnels. Il faut dire cependant que les opérateurs de la filière ne bénéficient pas de mesures d'accompagnement , notamment en matière de financement. Les entreprises relèvent à cet effet l'inefficacité des procédures bancaires et l'absence de véritables mécanismes et soutiens bancaires appropriés. Ces entreprises font état de difficultés d'accès aux crédits bancaires d'investissement, de recours prédominant aux découverts bancaires, de frais onéreux et autres provisions exigés par les banques lors des transactions commerciales. Aussi, il est mis en exergue par les mêmes entreprises la lenteur des banques dans le traitement des compensations des chèques et des transferts des paiements aux fournisseurs étrangers. En matière de douanes, plusieurs problèmes sont relevés. Il s'agit entre autres, du cumul d'impôts rendant la fiscalité très lourde, de la difficulté des relations avec la douane, de la complexité des opérations de commerce extérieur et du non contrôle des importations sur le plan qualité, en ce sens que beaucoup de produits interdits dans de nombreux pays sont écoulés en Algérie. La filière des boissons est par ailleurs confrontée au problème du marché informel et de la concurrence déloyale, ce qui est considéré comme le principal frein à son développement. Le marché a vu la naissance de la contrefaçon à travers l'utilisation des bouteilles des marques connues et de breuvages douteux. Il est également signalé des pratiques déloyales de ventes à des prix trop bas (dumping), des pratiques d'importation en sous facturation, des ventes locales sans facture et des importations en contrebande, selon l'étude de l'EDPME. Celle-ci fait ressortir que le secteur reste faible sur le plan de la qualité. Dans le cadre des programmes de mise à niveau, beaucoup d'entreprises ont été sensibilisées puis accompagnées vers de meilleures pratiques de fabrication. Quant aux chiffres d'affaire réalisés, l'étude note qu'une dizaine d'entreprises réalise un chiffre de plus de 100 millions de dinars.