Les services du commerce enregistrent 1 400 entreprises dans le secteur. Cinq embouteilleurs seulement détiennent 50% du marché estimé à 1 milliard de litres. L'étude de la filière boissons réalisée par l'euro Développement PME, rendue publique récemment, contient des observations pertinentes, qui renseignent sur le degré de développement de cette filière. Le document en évoquant la réglementation souligne “la faiblesse, voire même l'absence pour certains segments d'activité, de réglementation des conditions et des normes d'hygiène dans les processus de fabrication, d'étiquetage et de conservation des produits ; ce qui implique des dangers pour la santé des consommateurs”. Il met en exergue l'insuffisance de normes nationales et de références professionnelles sur les producteurs couvrant la fabrication des boissons (particulièrement les boissons aux fruits, les boissons plates et gazeuses et les eaux fruitées) et pénalisant les véritables fabricants professionnels. L'étude fait référence aussi à l'insuffisance du contrôle des conditions de ventes (nature des ingrédients utilisés, emballages — étiquetage, prix pratiqués, etc.), et au non-respect par un grand nombre d'entreprises de la filière des normes alimentaires (processus de production et qualité des produits). Les normes minima d'hygiène et de sécurité alimentaires ne sont pas respectées, soutient le document. L'étude estime que “de par ses caractéristiques si particulières, la dimension de son territoire, alliée à un climat très chaud au sud et plus tempéré au nord mais avec 4 mois très chauds, un pouvoir d'achat limité, la période du ramadhan où la population consomme beaucoup le soir, l'Algérie a vu éclore dans toutes les wilayas des limonaderies quelquefois uniquement saisonnières à la limite du secteur informel”. La plupart des petites limonaderies, nous dit-on, “ne sont pas recensées pour deux raisons essentielles : très souvent il n'y a pas eu d'inscription au registre du commerce (RC) ou s'il y a eu inscription, l'objet ne porte pas sur la boisson”. Aussi, même si le registre du commerce dénombre près de 1 400 entreprises, les parts de marché sont très inégalement réparties. “430 entreprises paraissent dignes d'être considérées dans le cadre de cette étude”, lit-on dans le document. Même si les rédacteurs avertissent que “de manière générale, cette étude a souffert du peu de données quantitatives globales disponibles en Algérie pour les industries considérées”. Pour autant, les membres de l'association des producteurs algériens de boissons jugent “l'étude importante”. “L'étude que nous avons pu réaliser avec l'aide déterminante de l'Association des producteurs algériens de boissons (Apab) est, malgré ses imperfections et certaines lacunes, un document de référence pour les entreprises et autres organisations et un outil d'aide à la décision”, écrit le directeur de euro Développement PME, M. Olivier de Velp. L'ensemble de la filière, relève le document, emploie de 13 000 à 14 000 personnes. Le taux de croissance de l'emploi dans la filière est de l'ordre de 6%, avec une croissance forte en 2003 pour les boissons gazeuses. Le cas de l'Algérie, souligne l'étude, “ne diffère pas de la tendance mondiale de l'industrie agroalimentaire, à savoir “son oligopolisation”, ce qui pose donc un évident problème pour la myriade de petites entreprises sous les 1% de parts de marché”. La sous-filière boissons rafraîchissantes sans alcool est dominée par un très petit nombre d'entreprises, en fait 5 entreprises qui possèdent au total plus de 50% de parts de marché. “On constate également que 20 entreprises en 2002 et 19 entreprises en 2003 sur 33 ne réalisent que 10% de parts de marché. Cette dispersion est accentuée si nous considérons que dans ce lot une dizaine d'entreprises ne représentent que 1% de parts de marché (10 en 2002 et 11 en 2003)”, explique l'étude. Concernant les jus de fruits, la sous-filière “est caractérisée sur le plan de la demande par une indifférenciation aux conséquences catastrophiques” nous dit-on. “En effet, l'appellation jus est utilisée abusivement pour désigner une variété qui va des eaux aromatisées aux nectars”, lit-on dans le document. Cette situation, explique-t-on, est la conséquence du flou entretenu par les entreprises elles-mêmes. Le document note que “la réglementation précisant les caractéristiques des différentes catégories : jus, nectar…n'est toujours pas élaborée”. La distinction eau minérale – eau de source “est quasiment inexistante chez les consommateurs (et même, semble-t-il, chez de nombreux producteurs)”. Cette confusion a poussé les pouvoirs publics à adopter en 2004 une nouvelle réglementation 04-196 concernant les critères d'exploitation des eaux minérales et des eaux de source. “Dans la consommation des eaux, les algériens n'accordent pas encore d'importance aux caractéristiques et composition du produit et son adaptation par rapport à leurs besoins spécifiques” relève le texte. L'étude souligne qu'en Algérie, la multitude d'entreprises entraîne déjà une forte concurrence au sein même des sous-filières. “Si on analyse cet aspect au sein des entreprises algériennes de la filière, nous observons que 30 % à 40% des entreprises sont diversifiées dans 2 voire 3 sous-filières. Sur un plan marketing, ceci entraîne un phénomène d'approfondissement des gammes que seul le poids des distributeurs pourrait venir contrarier”, précise le document. Ces différents éléments – caractère oligopolistique du secteur, stratégie de diversification, problématique de distribution, évolution des modes de consommation – suffisent déjà à justifier une étude stratégique approfondie sur la situation concurrentielle de la filière boissons et de ses sous-filières. M. R.