L'étonnement y était : le récital de chant lyrique donné par Elsa Levy à l'auditorium de la Radio nationale est de ces moments rares qu'on ne risque pas d'oublier de sitôt. Levy a vite subjugué un public pas toujours au fait de la musique classique universelle. Sevré de ce genre de musique raffinée, celui-ci y adhérera sans encombre. Poésie romantique et chant lyrique ont fait corps le temps de cette soirée de jeudi, organisée par le Centre culturel français (CCF) d'Alger. Elsa Levy, accompagnée de Simon Zaoui au piano, a repris un répertoire exigeant, mais toujours enchanteur. Un extrait de Faust, l'opéra en cinq actes de Charles Gounod, D'amour l'ardente flamme, air de marguerite dans la Damnation de Faust, extrait d'une pièce Hector Berlioz fut le programme proposé par la soprano de l'opéra de Paris. Marquant de son empreinte les tours de chants, Levy reprendra, par la suite, un cycle de six mélodies en y mètant des poèmes de Théophile Gauthier, romancier et poète, marqué par son « maître » de toujours Victor Hugo, cet autre écrivain à la faconde facile et au verbe haut. Le choix de la soprano se portera sur Villanelle, Le spectre de la rose, Les lagunes et absences ou encore, Au cimetière et l'Ile inconnue. Le pianiste, de son côté, n'a guère démérité, emporté lui aussi par la voix aérienne de la sporano, venue de l'Opéra de Paris pour éblouir le public algérois qui a applaudi à tout rompre les deux artistes. Avec Youkali de Kurt Weil, la chanteuse fera monter un peu le « ton » sans toutefois détonner. Sans se départir d'une gestuelle toujours imposante, Elsa Levy reprendra la scène avec Gut en Nacht de Brahms.