Les commissions d'enquête se suivent et se ressemblent au complexe SNTA d'El Khroub. Après celle intervenue en novembre 2007 et dont nous avons parlé sous le titre « Une énième commission d'enquête » (El Watan du 26 décembre 2007), une autre commission a été diligentée la semaine passée sur instruction de la direction générale, elle-même instruite par la présidence de la République dit-on. Les différentes publications d'El Watan, notamment en ce qui concerne des marchés douteux, ont-elles poussé les pouvoirs publics à intervenir enfin pour mettre le holà dans cette grande entreprise nationale, deuxième pourvoyeur fiscal après Sonatrach ? Il faut dire que les commissions maison n'ont jamais rien livré alors que la direction générale a opposé une fin de non-recevoir à la demande du conseil de participation de l'entreprise pour engager une expertise non patronale. Décision qui soulève des interrogations d'autant qu'une commission mixte, composée d'inspecteurs des impôts ainsi que de cadres des douanes et du commerce, avait levé le voile en 2005 sur des écarts injustifiés de l'ordre de dizaines de milliards dans les rentrées financières du complexe SNTA, au titre des exercices 2002 et 2003. Retour sur ce trou fiscal qui a mis à nu une véritable saignée dans le complexe et dont les commanditaires jouissent d'une impunité déconcertante. Ce manque à gagner correspondait à un écart substantiel dans la consommation de matière première de base, c'est-à-dire du tabac, et d'autres intrants auprès des unités de production, estimé à 593 t de tabac brut, traduites en chiffres d'affaires de production de 545 millions de dinars pour 2002 et 289 millions de dinars pour 2003. Pour la commercialisation, il faut savoir que ces prix ne représentent que 35% du prix de cession. Une reconstitution du chiffre d'affaires (TTC) injustifié nous donne un préjudice de 2,37 milliards de dinars qui seraient partis en fumée rien que pour ces deux années. La situation est si inquiétante d'autant que rien ne dit que les exercices suivants n'ont pas enregistré des écarts similaires ou même plus importants. Par ailleurs, un incident survenu durant la dernière semaine de décembre 2007 au sein du complexe confirme la persistance d'une manière de consommation délictueuse du tabac. En effet, les travailleurs ont dû réagir, suivis par la section syndicale qui a appelé à un débrayage de 10 minutes, contre le directeur qui a pris une centaine de paquets de cigarettes alors que cette pratique est strictement interdite, tel que réitéré dans une note émanant de la direction et datée du 22 décembre 2007. Le directeur qui n'a pas nié s'être servi serait-il coupable de s'octroyer des avantages en nature ?