Le partenariat initié entre l'entreprise espagnole Europactor et son homologue algérienne, l'Entreprise nationale de matériel de travaux publics (ENMTP), en juin 2005, est devenu effectif depuis hier puisque celles-ci sont passées à la phase pratique en exhibant le fruit de leur labeur commun, à travers une journée de présentation du nouveau produit, le compacteur R 712. Une présentation qui s'avérera très impressionnante, eu égard aux performances démontrées par l'engin algéro-espagnol, après que deux conducteurs, un Algérien et un Espagnol, eurent testé séparément « le monstre » de plus d'une tonne et qui coûte un peu plus de 8 MDA pour celui destiné au marché européen et 5 MDA pour celui réservé à l'utilisation locale. « La différence de prix est le fruit d'exigences européennes, plus draconiennes que celles des autochtones, qui entendent se passer d'une cabine insonorisée et climatisée, et autres outils de confort pour un moindre coût », nous expliquera M. Belmadjat, assistant du président-directeur unique de l'ENMTP. Cette collusion, entre la société algérienne et son coopérateur espagnol, a abouti à la fabrication de 50 engins destinés au compactage des routes, 10 essentiellement pour le marché algérien et 40 pour l'espace européen. L'opération, évaluée à près de 650 000 euros, sera suivie par beaucoup d'autres, car le patron d'Europactor ne tarira pas d'éloges sur le partenariat avec l'ENMTP qui, « grâce à un coût de main-d'œuvre compétitif et un savoir-faire en partie de mécano-soudure, nous permettra de consolider un peu plus notre présence en Espagne et d'élargir nos ventes en Europe ». L'engin en question, à savoir le compacteur R 712, est le résultat « d'un beau mariage », comme le soulignera M. Lebrero, directeur gérant de la société espagnole. La moitié des composants a été usinée en Algérie (carcasse, cabine, mécano-soudure), alors que la pièce d'achat (moteur, composants énergiques et roulement) a été l'œuvre des Espagnols. Cette gamme de produits passera, dans un proche avenir, de l'engin de 12 t à celui de 22 t. Et d'un commun accord, l'activité de fabrication des compacteurs sera délocalisée progressivement en Algérie, compte tenu de la main-d'œuvre et des capacités propres à l'ENMTP. Comme l'a souligné ainsi Salim Noui, PDU de l'ENMTP : « Cette forme de partenariat tendra aussi vers la société mixte en fonction des résultats des prochaines années. On ne fait pas de cinéma. Nous sommes deux partenaires fifty-fifty. Ce petit pas pour l'ENMTP sera peut-être un prélude pour l'économie algérienne et conforte Constantine comme pôle mécanique indiscutable. L'ENMTP, qui était en survie, respire et vit aujourd'hui après un dur labeur de redressement de l'entreprise. » A signaler que c'est la première fois dans l'histoire de la mécanique en Algérie qu'un engin est délocalisé de l'Europe vers l'Algérie, ce qui augure de bons lendemains de coopération et casse la mainmise du commerce à sens unique du vieux continent en direction de notre pays.