Située à l'extrême est de la wilaya de Boumerdès, la commune d'Afir subit le sous-développement et sombre dans des difficultés d'une autre époque. Prise en tenaille par le terrorisme et le sous-développement, sa population crie depuis longtemps au dénuement et à l'enclavement. Nous sommes les laissés-pour-compte des pouvoirs publics qui restent insensibles à nos préoccupations, nous autres campagnards », déclare un jeune chômeur avec amertume. Les budgets alloués par l'Etat au titre des PCD et PSD s'avèrent largement insuffisants devant les besoins accrus de la population. « La superficie de notre commune et l'éparpillement de sa population, plus de 14 000 âmes qui vivent dans plus de 24 villages, sont des paramètres que les pouvoirs publics doivent absolument prendre en considération dans la répartition des subventions », estime Ahmed, un membre de l'association locale Tafat. A l'instar des autres communes de la wilaya, Afir s'enlise dans les difficultés dues à l'inexistence d'infrastructures génératrices d'emplois. Un problème dont la solution est subordonnée au développement de toute la région. Quant aux jeunes, leur seul lieu de rencontre reste le café du coin. « Nous n'avons ni maison de jeunes, ni salle omnisport, encore moins une bibliothèque communale », dira un jeune de cette localité. Les paysages paradisiaques de cette commune, perchée à plus de 400 m d'altitude, ne suffisent plus à atténuer le stress d'une population en quête d'occupation et de bien-être social. L'unique sujet qui occupe le gros des discussions de la population, vous diront les jeunes, est « el harga », l'immigration clandestine. Pour ce qui est des infrastructures éducatives, Afir dispose selon le nouveau P/APC, Amar Flici, de neuf écoles primaires et d'un CEM qui « présentent plusieurs anomalies ». « Faute d'étanchéité, la majorité de nos écoles souffre du problème des infiltrations des eaux de pluie », déplore-t-il avant d'ajouter que seule une école primaire du chef-lieu est dotée d'une cantine. Un parent d'élève déclarera : « L'image des écoliers qui se partagent une baguette de pain et une bouteille de limonade en plein hiver reste édifiante ». Longtemps oubliée, la population ne profite pas de l'embellie financière que connaît le pays. Sinon comment expliquer le sous-développement dans lequel patauge cette petite localité de Kabylie. S'agissant de la crise de l'eau potable qui dure depuis les années 1980, le P/APC, qui a eu à gérer les affaires de cette commune par le passé, nous confie que « la population locale attend toujours l'intervention des services concernés pour la réparation de la conduite endommagée suite aux dernières intempéries. Actuellement, on approvisionne les citoyens et les écoles primaires à l'aide de citernes. » Pour ce qui est de la couverture sanitaire, Afir dispose d'une petite salle polyvalente qui n'est pas suffisamment dotée en matériel et en personnel médical. « Nous souhaiterions la réalisation de deux centres de soins dans le proche avenir aux villages Tissera et Tala Ayache », dira le P/APC qui n'omet pas de relever les énormes dégâts causés par les inondations dans la région. Et d'ajouter : « La voie reliant la RN24 à la RN71 qui dessert plus de sept villages est presque coupée à la circulation et présente un réel danger pour les automobilistes. » Il signalera au passage l'effondrement de trois ponts et des affaissements en certains endroits. « Quelques habitations menacent même de s'écrouler sous l'effet du glissement de terrain », avertit-il. Conscient de l'énorme travail qui attend l'assemblée actuelle, le P/APC relève encore l'absence de la force publique dans sa commune. « Comment peut-on mettre le holà au problème des constructions illicites, alors qu'il n'y a pas de police à Afir », assène-t-il, tout en évoquant le manque de matériel de bureau à l'APC.