Le centre El Anis, situé en plein cœur de Bab El Oued, a ouvert ses portes en 1999, à l'époque du gouvernorat. Ayant démarré sur les chapeaux de roue, il est actuellement en plein déclin. Son rôle : écouter, orienter et aider les jeunes en difficulté morale. Sont concernés les délinquants, les toxicomanes, les alcooliques, les enfants atteints de traumatismes ou de troubles psychologiques divers, etc. Pour cela, une équipe de professionnels se relaie : psychologues, sociologues, psychiatre, médecin généraliste, psychotechniciennes, éducateurs. Au sein du centre existent des ateliers d'expression permettant aux jeunes d'extérioriser leur souffrance et leur malvie et en même temps de se trouver une occupation. Sur place, on peut faire du dessin, de la peinture, de l'écriture. Sans oublier un espace vert où se fait l'élevage d'oiseaux, une bibliothèque avec une salle de lecture et une médiathèque avec 3 micro-ordinateurs. A présent, sa situation se dégrade de plus en plus. Les employés rencontrés sur place ne cachent pas leur désarroi et leur malaise et se plaignent ouvertement de leurs conditions de travail qui laissent à désirer. « Au début, toute l'équipe était motivée et tout marchait très bien. Avec le temps, les choses se sont gâtées. Les employés ont commencé à démissionner l'un après l'autre. Certains avaient travaillé plus de 2 années sans percevoir le moindre sou », nous révèlent des psychologues cliniciennes. Et d'ajouter : « Même les deux directrices, qui se sont succédé dans ce centre, ont fini par mettre la clé sous le paillasson. Le poste est vacant depuis plus d'une année. » Parmi leurs revendications, la régularisation de leur situation professionnelle, l'amélioration de leur cadre de travail, un salaire selon compétence et un statut pour le centre d'accueil. « Durant les intempéries du 10 novembre 2001, nous avons pris en charge psychologiquement un nombre impressionnant de sinistrés, tous âges confondus. Nous nous sommes débrouillés tant bien que mal avec les moyens du bord. Aujourd'hui, nous sommes débordés. Nous n'avons pas les moyens ni assez d'effectif pour pouvoir venir en aide à tous les jeunes qui frappent à notre porte. Nous recevons jusqu'à 200 consultants (en moyenne) par mois. Nous manquons d'éducateurs (éducatrices), d'assistantes sociales, de psychiatres, de médecins généralistes... », dira notre source. Le personnel se plaint aussi du manque de suivi et de prise en charge des délinquants pour leur réinsertion dans la société, une fois leur thérapie achevée : absence de centre d'apprentissage pour les jeunes hommes (CFPA), ateliers... « La plupart des jeunes, les toxicomanes surtout qui arrivent à décrocher, ne se retrouvent plus, une fois confrontés à la réalité : manque d'occupation, de possibilité de suivre un stage, une formation qui leur permettrait de se rendre utiles et de se faire une place dans la société. Fragilisés, l'oisiveté, le chômage et les mauvaises fréquentations aidant, ils replongent dans l'univers de la drogue », nous rapporte une psychologue sur place. 4 psychologues, 1 sociologue, 1 psychotechnicienne et 2 secrétaires activent actuellement au sein de cet établissement. Bien que possédant une volonté de fer pour accomplir leur besogne, elles ont pourtant l'impression de se battre contre des moulins à vent. Dans une correspondance adressée à la wilaya d'Alger, dont dépend El Anis, elles exposent clairement leurs problèmes et espèrent avoir un écho favorable à leurs doléances. Ce genre de centre implanté dans un quartier tel que Bab El Oued, où le taux de chômage et de délinquance est très élevé, est indispensable et nécessaire. Pourvu que les autorités concernées le prennent sérieusement en main. L'appel est lancé.