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Une main secourable aux plus fragiles
Samu social de Dély Ibrahim
Publié dans El Watan le 06 - 05 - 2006

La Toyota démarre sur les chapeaux de roues. Nous prenons place à l'arrière du véhicule en compagnie de Zoubir, animateur au SAMU social de Dély Ibrahim, office qui vient en aide aux personnes en difficulté que le sort n'a guère ménagées. 20 heures tapante.
A peine que la nuit fait descendre son pesant voile sur la ville que la voiture s'engage dans les rues, encore grouillantes de monde, des hauteurs d'Alger. L'itinéraire est tout tracé. Ce soir deux véhicules feront les rues de la capitale. Celui dans lequel on s'est embarqué sillonnera Alger-Centre et s'éloignera jusqu'a Hussein Dey. L'autre s'est vu « confié » les quartiers de Bab El Oued, connus pour être les « points de chute » de plusieurs SDF. Comme pour nous faire entrer dans le bain, Zoubir s'engage dans une discussion sur les missions du SAMU tout en renvoyant des regards furtifs à l'extérieur. Ammi Zoubir, pour les intimes se fait accompagner de Mourad, éducateur au centre et par ammi Omar, le débonnaire chauffeur qui, pour apaiser l'atmosphère quelque peu harassante, lance par moment des mots plaisants à ses collègues. Chacun d'eux cumule des années dans « le social », « créneau » qui « ne fait pas manger une famille », loin de là, soutient-on. C'est ainsi, que le premier est « dans le circuit » depuis 5 ans, alors que le second cumule trois années d'expérience. Notre chauffeur, quant à lui, est « dedans » depuis le lancement du SAMU.
Au royaume de la misère
Des récits sur les enfants de la rue, Zoubir, Casbadjis de souche, les a toujours à la bouche : « On est là tous les jours jusqu'à 2 h. Deux brigades mobiles se relient de jour comme de nuit. La population s'est, d'ailleurs, habituée à notre présence. On essaye de faire la réinsertion de ces gens sans leur forcer la main. On a eu à raccompagner un adolescent fugueur de 17 ans à 2 h chez lui à Tixeraïne. La raison est une mésentente entre l'enfant et son père. Sa mère ayant pris sa défense. Chose qui a compliqué davantage la situation. Après sa fugue, ses parents se sont mis à sa recherche. Grande a été leur joie quand nous avons tapé à leur porte », relève cet éducateur, entraîneur des benjamins d'une équipe algéroise de football. Quant aux vieilles personnes, « elles sont conduites vers le centre de Sidi Moussa pour les hommes et celui de Birkhadem pour les femmes ». Première halte, la rue Asselah Hocine. Trois jeunes cambrés sur eux-mêmes sommeillent, avec grande peine, dans un coin du trottoir. Un quatrième, en repérant le sigle du SAMU qui barrait les flancs du véhicule, vient à notre rencontre. S'en suivra, dans un air enjouée, une discussion avec l'animateur. Il semblerait, à s'y méprendre, qu'il est son grand frère tellement les « choses » sont allées bon train. Le jeunot, rasé de près et la coiffe bien serrée sur le crâne, est dans la rue depuis pas moins de 5 ans. « J'ai 17 ans. J'ai quitté le centre de réinsertion de Rouiba mais j'ai envie d'y reprendre ma place. J'ai des amis là-bas », atteste-t-il. Bien que n'atteignant pas les proportions ahurissantes qu'on retrouve dans les pays du Sud-Est asiatique, la pédophilie est bien là. « Il n'est pas bon ton d'en parler alors que le phénomène prend des proportions gravissimes », lâche Zoubir. Ainsi, un « pervers » connu des enfants de la rue sur qui la police a mis la main il y a 2 ans, a sévi, selon lui, au centre d'Alger. Son procédé est tout simple : à ceux désargentés parmi les enfants, il monnaye la colle qu'il leur propose par des « parties de plaisir sordide ». L'homme leur proposait de la colle à deux fois son prix. « Cédée à 25 DA par les commerçants qui refusent de la leur vendre, cette substance, fort prisée des adolescents à qui elle sert de succédané, devient tout compte fait son appât ». A quelques pas de là, un autre enfant portant le maillot de son équipe favorite nous aborde. Il s'est « extirpé » de la rue, mais vient régulièrement rendre visite à ses amis. L'enfant raconte qu'il a été « enrôlé » dans un café situé non loin du boulevard Amirouche. A croire ce qu'il raconte, le patron le « gratifie » de 9000 da le mois. Moins loti, son ami, à la carrure bien bâtie, tenant une couverture serrée autour du coup, avoue que la police a mis le grappin sur ses amis. La cause : vol par « l'yabssa », manière utilisée par les jeunes pour « tenir en respect » leur victime du jour.
Déchéance
Les raisons de cette déchéance sont multiples, nous explique Zoubir. Ainsi, la responsabilisation précoce des enfants, le terrorisme et la « débandade » sont des facteurs aggravants. « Les uns s'en tirent à bon compte, les autres pas » déclare Zoubir. S'y ajoute, dès lors, l'état d'indigence permanent dans lequel se trouvent empêtrés des régions entières de l'intérieur du pays d'où sont originaires la plupart des enfants. « Des gens viennent par le train du matin de Chlef, de Boumerdes, de Tizi Ouzou et d'ailleurs, pour tendre leurs mains. Quelque deux à trois mois après, ils reviennent chez eux la sacoche pleine », affirme notre interlocuteur Hussein Dey. 23 h. Les réverbères sont déjà allumés depuis longtemps et les retardataires pressent le pas. Zoubir se remémore une histoire, à l'approche de la rue des Fusillés. Celle d'une fille, à peine la quinzaine entamée, dont abusait un jeune homme plus âgée qu'elle. « Ses parents croyant qu'elle faisait de la mendicité avec son frère non loin des chouiayine, ne s'en ont aperçut qu'après avoir été alertés par un gardien de parking. Les sommes qu'elle rapportait ne les ont aucunement intrigués », s'étonne Zoubir. Nous rebroussons chemin. A la Pêcherie, notre dernière halte, deux jeunes installés entre deux adultes, buvaient de l'alcool et tiraient à pleins poumons le diluant dans des sachets de lait. Ils s'avancèrent vers notre direction l'air interloqués mais toujours lucides. Par ailleurs, les SDF, eux-mêmes d'anciens délinquants rejetés par leurs familles, qui « se font petits » le jour, sont perceptibles la nuit. Cependant, une toute autre impression se dégage de notre escapade intéressée : les SDF « se font rares » ces jours-ci. Aucune silhouette n'est perceptible, ni à la rue Bouzrina, ni à Abane Ramdane, ni même ailleurs. Sauf quelques personnes endurcies se renfrognant à suivre les équipes du SAMU. Institué par la wilaya Alger cinq ans après celui de la Ville de Paris en 1993, le SAMU d'Alger, signataire de la charte du SAMU mondial, s'est fait remarqué allant même jusqu'à forcer le respect. L'initiatrice est Mme Aberkane, psychologue clinicienne de formation. Elle atteste que, pour le premier trimestre de l'année en cours, quelque 529 personnes, dont 360 hommes, 142 femmes et 19 enfants, ont été prises en charge par le SAMU de Dély Ibrahim. « Le SAMU, dont les missions nécessitent de la doigté et du professionnalisme, permet de changer le regard de la population sur les gens de la rue », affirme-elle. « Notre mission est de récréer le lien social qui s'est déchiré. Aussi, nous essayons de désapprendre la rue aux enfants et leur apprendre les notions du temps et de l'avenir. Pour cela, des projets sont en cours de concrétisation, comme les ateliers de dessin et de sport. Nous préférons rejoindre les enfants qui sont impossibles à extirper du milieu, sur les trottoirs. De plus, une maison de l'enfance, avec un service de guidance infanto-juvénile, a été réalisée dans l'enceinte du centre. Equipé d'une ambulance et deux véhicule de type Toyota, le centre devra renouveler son parc roulant incessamment », conclut-t-elle.


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