Un attentat à la voiture piégée a fait au moins dix morts à Beyrouth-Est dont un haut officier du renseignement des Forces de sécurité intérieure (FSI), le capitaine Wissam Eid. Beyrouth (Liban) : De notre envoyé spécial La puissante explosion qui a ciblé la voiture de l'officier, dans la région chrétienne de Hazmiyéh, sous le pont Chevrolet, a creusé un cratère de deux mètres de profondeur, rappelant par son ampleur à l'attentat contre l'ancien Premier ministre Rafic Hariri en février 2005. Des lambeaux de chair et des corps de victimes en majorité des passants ont été projetés sur le pont, et une vingtaine de véhicules gisaient calcinés dans les alentours immédiats de l'attentat qui a eu lieu à 10h05, heure locale au niveau d'un carrefour important de la partie orientale de la capitale libanaise. Le dernier attentat au Liban remonte au 15 janvier. Un véhicule piégé avait explosé au passage d'une voiture de l'ambassade des Etats-Unis près de Beyrouth, tuant trois civils. « Ils peuvent aussi bien commettre des assassinats par balle, mais ils préfèrent les voitures piégées pour terroriser tout le monde », indique un journaliste libanais. « Que Dieu emporte ces assassins ! », s'emporte une dame qui vient au nouvelles au centre-ville. Qui était le capitaine Eid ? Officier du renseignement, Wissam Eid était responsable des services d'écoutes aux FSI, organe de sécurité dépendant du ministère de l'Intérieur, dont il faisait partie depuis huit ans. Selon nos sources ici, le défunt capitaine était chargé du démantèlement des différents groupuscules islamistes au Liban. D'ailleurs, il a été parmi les premiers à enquêter et à lutter contre Fatah El Islam, le groupe islamiste qui a tenu tête à l'armée durant quatre mois — de mai à septembre 2007 — de combats acharnés au camp de réfugiés de Nahr El Bared au nord du Liban. Il avait également échappé à un attentat le 11 février 2006 et avait remplacé un autre officier du renseignement qui avait échappé à un attentat et qui vit actuellement à l'étranger. On se rappelle que le chef opérationnel militaire de l'offensive contre Fatah El Islam, le général François Hajj, a été assassiné le 12 décembre 2007. Ce dernier était pressenti pour remplacer le général Michel Sleiman, présenté comme le candidat présidentiel d'un consensus fragile entre opposition et majorité. Le poste de président de la République est vacant depuis le 24 novembre. Un treizième report de l'élection présidentielle l'a fixé pour le 11 février prochain. Climat tendu Cet attentat intervient dans une conjoncture tendue au lendemain d'une grève générale des transporteurs publics et des agriculteurs. Un débrayage accompagné par quelques incidents épars dont des pneus brûlés et des routes coupées dans le Grand Beyrouth. La capitale était à cette occasion massivement quadrillée et les blindés de l'armée restent visibles au niveau des carrefours et des points sensibles de la capitale. Notons également que cet attentat a eu lieu trois jours avant la réunion ministérielle, dimanche au Caire, de la Ligue arabe pour entendre le rapport du secrétaire général Amr Moussa concernant sa médiation entre les parties libanaises. Difficile médiation : Amr Moussa a déclaré hier que la cause de la crise au Liban reste le « manque de confiance » entre les différentes parties.