Face à la hausse des cours des matières premières ces derniers mois, la question du pouvoir d'achat des Algériens se fait de plus en plus sentir au point de rendre le climat social des plus dégradés. Pays vivant de la rente pétrolière et ayant les yeux rivés sur les cours du pétrole qui flirtent avec les 100 dollars, l'Algérie qui importe l'essentiel de ses besoins alimentaires et les inputs pour faire tourner son économie subit de plein fouet la hausse des autres matières premières, mettant à nu l'inefficience des politiques économiques suivies par les gouvernements successifs post-indépendance. En dépit de tentatives aussi vaines que puériles de colmater les brèches par les chiffres et des discours creux, la panne est bien réelle et le climat social gronde face à une paupérisation rampante de pans entiers de la société algérienne. Secret de Polichinelle, le divorce est plus que consommé entre une aisance financière du pays fort enviable et la régression économique et sociale de ces dernières années. En dépit d'un pacte économique et social conclu en fanfare entre les trois partenaires le gouvernement, le patronat et le syndicat-maison UGTA, et les augmentations à doses homéopathiques du SNMG, le retour de l'inflation, entraînant une nette détérioration du pouvoir d'achat de la majorité des Algériens, n'est plus une vue de l'esprit. Face à une situation des plus intenables, le gouvernement donne l'impression de naviguer à vue, tournant le dos à un mécontentement social sans précédent et s'affaire à préparer des échéances politiques qu'il juge plus digne d'intérêt. L'Algérie fait ainsi sienne l'adage qui dit : « La plus coûteuse des dépenses, c'est la perte de temps. » Au lieu et place d'une réelle revalorisation des salaires et d'une véritable réforme globale pour la promotion des libertés économiques, sociales, culturelles et politiques, seule à même de générer une croissance durable, d'atténuer le chômage et la pauvreté, le pays se plaît dans son économie de rente et se méfie comme de la peste des choix à même de faire basculer à une économie basée sur la revalorisation du travail et de l'intelligence. Préférant gérer la crise au lieu de la régler, le gouvernement concédera, à n'en point douter, quelques maigres concessions, par subventions et autres augmentations salariales insignifiantes interposées, lors de la veille électorale. Les résultats réalisés dans les équilibres macro-économiques dont les gouvernants se gargarisent ne sont pas dus à des prouesses de gestion mais à des facteurs exogènes liés à la hausse des cours du pétrole. La prouesse sera dans la capacité de faire basculer le pays dans une économie non rentière conciliant efficacité économique et équité pour plus de cohésion sociale. Cela passe évidemment par la bonne gouvernance qui fera de l'entreprise le moteur de la création de richesses et l'homme le pilier de toute réforme. En attendant, l'Algérie caracole en bas du tableau en matière de libertés économiques, de pratiques de corruption, climat des affaires, efficacité du marché de la main-d'œuvre, libertés syndicales et bien d'autres encore.