Prenez un bout d'arbre mort, qui a perdu toute illusion. Une allumette suédoise ou pakistanaise et un vieux quotidien qui ne donne plus d'informations depuis longtemps. Allumez un feu avec le tout. Regardez-le se consumer en avalant de l'oxygène. Ça donne soif. Prenez de l'eau. Buvez-en une gorgée et versez le reste sur le feu. Le feu s'éteint, après quelques fumées. S'il y a assez d'eau. Fin du miracle et début du commentaire. Il ne s'agit pas d'épiloguer sur la fin de la grève des lycéens, mal éteinte, ou de s'interroger sur la disparition de Hamza B., un anonyme dangereux présenté par M. Benbouzid comme le fauteur de troubles à l'origine de tout, de la grève, du 5 octobre, du Big Bang, du terrorisme, de l'abstention et de la déperdition scolaire. Il s'agit en fait de s'interroger sur la nature qu'entretiennent l'eau et le feu, couple national célèbre, qui s'amuse à copuler dans les bois sans jamais faire d'enfants. Les braises sont toujours chaudes, comme si on aimait à se réchauffer avec des brindilles de contestation. Le feu couve toujours, pour faire à manger entre deux émeutes, de la soupe à la grimace ou une chorba sans fric. Le feu a été domestiqué par l'homme il y a un million d'années mais le gouvernement algérien ne sait toujours pas le faire. Y a-t-il le feu dans la maison ?, s'est demandé M. Ksentini, qui n'est pas pompier. Pas de panique, il y a de l'eau, a répondu M. Sellal. Une information pour finir. Lu dans les journaux, le Mouloudia d'Alger, mythique club de football de la capitale, s'entraîne actuellement dans une caserne de pompiers. Pas pour apprendre à éteindre le feu mais pour se protéger. Pas des clubs ou supporters des clubs adverses mais pour se protéger de ses propres supporters, très en colère contre lui, pour mauvais résultats. Il y a le feu mais il n'y a pas beaucoup d'eau. Il y a surtout du gaz. Très inflammable.