Résumé de la 59e partie n Bâillonné et jeté dans une étroite penderie, willy étudie soigneusement l'endroit et ses ravisseurs pour ne pas rater l'occasion de prendre la fuite. Si on calcule le nombre de formulaires qu'elle devra remplir et le temps pour la banque de compter le fric, il faut lui laisser trois ou quatre jours pour rassembler la somme totale. Elle aura besoin de quatre jours, dit Clarence. Nous aurons l'argent vendredi soir. On lui dira qu'elle pourra récupérer Willy quand on aura vérifié la somme.» Il rit. «Et on lui enverra un plan avec une croix pour indiquer où commencer à draguer la rivière.» Alvirah resta longtemps prostrée dans le fauteuil de Willy, regardant sans les voir les ombres s'allonger sous le soleil du soir dans Central Park. Les derniers rayons disparurent. Elle tendit la main pour allumer la lampe et se leva lentement. Il était inutile de repenser à tous les bons moments que Willy et elle avaient passés ensemble durant ces quarante années, inutile de se rappeler que ce matin même ils compulsaient des brochures touristiques, hésitant entre une expédition à dos de chameau en Inde et un safari en ballon en Afrique. Je vais le sortir de là, décida-t-elle, levant le menton d'un air combatif. Primo, elle allait se préparer du thé. Deuzio, il lui fallait sortir tous les relevés bancaires et voir comment retirer du liquide dans chaque banque. Les banques étaient dispersées à travers Manhattan et Queens. Il y avait cent mille dollars déposés dans chacune d'elles plus, bien sûr, les intérêts qu'ils retiraient en fin d'année et utilisaient pour ouvrir de nouveaux comptes. Pas de placements mirifiques, étaient-ils convenus ensemble. Tout à la banque. Garanti. Point final. Le jour où quelqu'un avait voulu leur faire acheter des obligations dont les intérêts étaient versés dix ou quinze ans après, Alvirah avait dit : «A notre âge, on n'achète pas des trucs qui rapportent au bout de dix ans.» Elle sourit, se rappelant que Willy avait ajouté : «Et nous n'achetons pas de bananes vertes non plus.» Alvirah avala la boule qui lui serrait la gorge en buvant son thé et décida que, dès le lendemain matin, elle se rendrait d'abord à la Chase Manhattan dans la 57e Rue, puis traverserait la rue pour aller à la First Chemical, remonterait le long de Park Avenue en commençant par la Citibank et continuerait jusqu'à Wall Street. Elle passa une nuit blanche, se demandant si Willy était sain et sauf. Je vais exiger de pouvoir lui parler tous les soirs jusqu'à ce que j'aie rassemblé l'argent nécessaire, se promit-elle. Ça me laissera le temps de trouver une solution. A l'aube, la tentation la prit de prévenir la police. Mais une fois debout, vers sept heures, elle en décida autrement. Ces individus pouvaient avoir placé un espion dans l'immeuble chargé de leur indiquer toute agitation inhabituelle dans l'appartement. Impossible de courir ce risque. Willy passa la nuit dans la penderie. Ils avaient suffisamment relâché ses liens pour qu'il puisse se détendre un peu. Mais ils ne lui donnèrent ni oreiller ni couverture et sa tête reposait sur une chaussure qu'il ne parvenait pas à repousser. (à suivre...)