En toute logique, Soltani annoncera mercredi son adhésion à un troisième mandat pour Bouteflika et cela à l'issue de la réunion au sommet de l'Alliance présidentielle. Comme il le fait depuis des années, le chef du MSP ne pourra que joindre sa voix à celles des leaders du FLN et du RND. L'Alliance présidentielle renouera avec sa raison d'être : une machine de guerre au profit du chef de l'Etat. La nouvelle mission qui l'attend est porteuse d'une grosse information : Belkhadem, Soltani et Ouyahia ne seront pas candidats à l'élection de 2009 sauf si, pour une raison ou une autre, Bouteflika vient à se retirer de la compétition. Ces trois hommes sont donc de grands perdants puisqu'ils renoncent dès maintenant à leur vocation - celle de tout homme de pouvoir : briguer la magistrature suprême. Ils ont dû certainement se plier à une lourde décision venue de plus haut qu'eux, celle qui a tracé l'élection de 1999, configuré celle de 2004 et pesé sur tous les scrutins de la décennie 1990. Les observateurs l'appellent « le pouvoir réel » où prédomineraient selon les conjonctures soit l'armée, soit le président de la République avec ses alliances et réseaux. Le poids des militaires, décisif durant les années 1990, a sensiblement décliné depuis, mais il n'a pas pour autant disparu. Le chef de l'Etat a saisi l'opportunité du changement du rapport des forces pour exprimer sa volonté de modifier la Constitution. Son souci est qu'aucune parcelle de pouvoir ne doit être cédée à d'autres centres de décision, y compris le chef du gouvernement, quand bien même celui-ci dépendrait de lui pour sa nomination et son départ. Bouteflika ne voudrait pas voir se rééditer les expériences Benbitour, Benflis et dans une moindre mesure Ouyahia. Un chef de gouvernement ne devrait être qu'un coordinateur des activités ministérielles, un peu le profil Belkhadem. Aussi la nouvelle réforme constitutionnelle est pensée comme devant assurer au président de la République la totale conduite de l'exécutif tout en réduisant les champs d'action du législatif, du judiciaire et de l'opposition politique afin d'éviter tout « parasitage » de son pouvoir. La refonte de la Loi Fondamentale doit, bien entendu, lever le verrou des deux mandats pour que, une fois réélu, il puisse jouir de la plénitude de son règne, débarrassé de tout ce qui s'est « infiltré » dans le système politique algérien depuis la chute du parti - Etat et l'avènement du multipartisme. Les maîtres d'œuvre de ce scénario et la machine de guerre qui se met en place (à sa tête l'Alliance présidentielle) pour le rendre concret ne s'embarrassent pas de l'opinion publique : celle-ci est mise devant le fait accompli d'une révision de la Constitution quand bien même elle serait une prérogative du chef de l'Etat. Les Algériens sont interloqués, voire choqués, par la mise en branle d'une campagne officielle visant à faire réélire leur président pour la troisième fois, alors que la Constitution en vigueur ne lui permet que deux mandats. Que vaut une Loi Fondamentale si ceux qui sont censés la protéger en viennent à la bafouer ? Et puis, autre questionnement qui commence à jaillir : l'Algérie doit-elle toujours subir la volonté des puissants et leur arsenal politico-médiatique ? Ne mérite-t-elle pas que s'installe enfin le temps de l'alternance ?