Sous séquestre judiciaire depuis la fin 2005, le groupe Tonic a sombré dans une phase de déstructuration généralisée. Le rapport du bureau d'études KPMG fait état d'une dette de 74,5 milliards de dinars. Une ultime issue semble se dessiner pour le sauvetage du groupe industriel Tonic Emballage et de son outil de production. Les rapports d'audit réalisés par deux bureaux d'études externes, en l'occurrence KPMG et l'INPED, respectivement mandatés par Tonic et la Badr, ont abouti à la même recommandation : revoir la structure juridique et la forme d'organisation du groupe Tonic dans le sens de permettre une gestion rationnelle et performante de l'ensemble de ses activités. Pour cela, les deux auditeurs suggèrent la création d'une seule entité juridique dans laquelle seront fusionnées l'ensemble des sociétés composant le groupe (11 pour l'INPED et 9 pour KPMG !!). Il s'agit, autrement dit, de la création à terme d'une société par action SPA dont le capital sera partagé par les actionnaires historiques et la Badr. Sous séquestre judiciaire depuis la fin de 2005, date à laquelle la Badr a interrompu son financement, par mesure de sauvegarde, pour non-remboursement, le groupe Tonic a sombré, depuis, dans une phase de déstructuration généralisée. La période 2006 à 2007 a connu une « régression sans précédent » à tous les niveaux d'activité, révèle le rapport KPMG. Une situation que le premier responsable du groupe, Abdelghani Djerrar, impute à la gestion « calamiteuse » des deux séquestres judiciaires successifs désignés à la tête de l'administration des sociétés du groupe. La solution retenue consistant à faire administrer les sociétés du groupe par un séquestre s'est avérée, souligne-t-il, « une mauvaise décision ». Pis, les deux séquestres judiciaires qui se sont succédé « n'ont visé que leurs confort et enrichissement personnels sans prendre égard à leur mission essentielle qui consiste à sauvegarder l'investissement réalisé dont l'optimisation de l'exploitation recèle de véritables gisements des ressources permettant à la Badr de recouvrir sa créance », lâche notre interlocuteur. Une dette extrêmement élevée A propos des créances du groupe, le rapport KPMG fait état d'une dette de 74,5 milliards de dinars dont 65,4 milliards représentant le montant emprunté à l'origine et 9,1 milliards de dinars aux titres d'intérêts et agios accumulés. Une dette extrêmement élevée que Tonic Emballage est dans l'incapacité de rembourser, du moins, dans l'état actuel des choses, relèvent les deux auditeurs. Un constat partagé également par la Badr. Une source bancaire proche du dossier au sein de cette banque nous a révélé qu'effectivement le groupe Tonic Emballage se démène dans d'énormes difficultés financières, mais il demeure toutefois « un client très important » pour la banque. Dans son rapport général, l'INPED indique que la gravité de la situation financière dans laquelle s'est engouffré le groupe résulte des facteurs suivants : un volume d'investissements considérable mis en œuvre sur une période relativement courte et dont les délais de rentabilisation se sont révélés plus longs que les termes de remboursements des crédits correspondants, un ensemble industriel de dimension et de complexité supérieures aux capacités réelles de gestion des entreprises concernées, la décision prise par les propriétaires de réaliser à tout prix le complexe Ouate industrie à un moment où le groupement était déjà fortement endetté. Des investisseurs intéressés « A cela, poursuit le rapport, sont venus s'ajouter, durant les deux derniers exercices, les effets des ruptures d'approvisionnement des entreprises du groupement par la position prise par la banque de suspendre tout crédit d'exploitation. » La situation critique vécue par Tonic Emballage actuellement n'a pas pour autant dissuadé certains investisseurs étrangers friands de très bonnes affaires. C'est le cas notamment du plus puissant et le plus discret fonds d'investissement privé au monde, l'américain Carlyle dont une délégation a visité le site industriel de Tonic à Bou Ismaïl, il y a quelques semaines. La spécialité de ce fonds est justement de repérer des sociétés porteuses boudées par le marché ou connaissant des difficultés financières momentanées, les acquérir, les réformer et les revendre à la faveur d'un retournement de conjoncture – entières ou en pièces détachées. D'après M. Djerrar, la délégation dépêchée par le fonds a affiché un grand intérêt. Il indiquera toutefois que si partenariat il y a, Tonic Emballage gagnerait plus à s'associer avec un partenaire industriel et non avec un fonds d'investissement. A noter enfin que le plan d'action proposé par les rapports d'audit est actuellement entre les mains de la justice qui devra trancher en définitive sur l'approbation ou le rejet du plan. Affaire à suivre.