L'homme méritait certainement un meilleur hommage que celui qui lui a été rendu hier. Expéditive, la « cérémonie » en la « mémoire » du défunt Abdelhak Benhamouda, organisée au siège de la centrale syndicale, n'a pas été à la hauteur des multiples combats menés par l'ex-secrétaire général de l'UGTA, assassiné un 28 janvier 1997 par un commando islamiste à la sortie du Palais du peuple. A l'heure où l'UGTA s'efface sans gloire du terrain de la lutte syndicale, le « souvenir » d'un Benhamouda, combatif et portant haut les revendications des travailleurs, dérange plus qu'il n'arrange. « La phase des revendications est dépassée et nous nous dirigeons actuellement vers la phase des propositions émises par des syndicalistes avec l'aide d'experts », a déclaré dimanche dernier Sidi Saïd, à l'ouverture du 2e congrès de la Fédération nationale des travailleurs de la métallurgie. Propos rapportés par l'APS. L'« esprit » revendicatif ne semble plus dans l'air du temps. Figure syndicale et politique incontournable des années 1990, Benhamouda a payé de sa vie ses profondes convictions et son engagement actif contre l'intégrisme. L'enfant « terrible » de Constantine n'a pas été qu'un syndicaliste, soumis, incolore et inodore. En 1991, quand l'Algérie tanguait sous la menace islamiste, il se distinguera par ses prises de position, franches et sans équivoque. Il organisera une grève pour démontrer que le FIS était loin d'être la seule force mobilisatrice de la société. Il prendra plus tard une part active dans l'action du Comité national de sauvegarde de l'Algérie (CNSA) qui plaidera et obtiendra l'arrêt du processus électoral en janvier 1992. Il fut également l'un des inspirateurs et le fondateur du Rassemblement national démocratique (RND). Pressenti pour prendre la tête de ce nouveau « parti du pouvoir », il sera « liquidé » avant que celui-ci ne voie le jour. Profondément « républicain », l'homme inspirait le respect à ses compagnons et une haine tenace pour les islamistes qui le tenaient pour être responsable d'une partie de leurs déboires. Patriote et homme politique aux convictions inébranlables, Benhamouda assumera jusqu'au bout son engagement politique. Souvent plus politique que syndical alors que les travailleurs souffraient les injonctions du FMI. A l'UGTA, il prédira une « disparition prochaine ». Lors d'une émission télévisée diffusée quelques semaines avant sa mort, il déclarera en effet ceci : « L'UGTA n'a plus les moyens de sa politique et personne n'est capable aujourd'hui de la prendre en charge. » La prophétie semble en voie de se réaliser, à moins que…