Président du bureau de Laghouat de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), cet avocat est l'un des défenseurs de Hafnaoui Benameur Ghoul. Dans cet entretien, il livre ses impressions sur la remise en liberté “surprenante” de son client. Explications. Liberté : Vous attendiez-vous à ce que votre client soit libéré alors que la justice s'est montrée inflexible jusque-là ? Maître Ahmim : Je suis d'autant plus étonné que de multiples demandes de liberté provisoire ont été introduites sans qu'elles trouvent écho auprès des juges. Celle concernant notamment la levée des mandats de dépôt. C'est une mesure exceptionnelle à laquelle le collectif de la défense n'a pas été associé. Selon vous, qu'est-ce qui expliquerait alors ce fléchissement ? À mon avis, il s'agit là d'une sorte de grâce déguisée car il est inhabituel que la liberté provisoire soit accordée aux justiciables, cela en dépit de sa consécration par l'article 128 du code des procédures pénales. C'est un fait rare dans les annales de la justice algérienne. Je ne sais pas à quel niveau cette décision a été prise. Ce qui est sûr est qu'on a cherché à trouver un moyen juridique pour libérer Hafnaoui Ghoul. À quel dessein répond cette clémence ? Il y a deux explications. Soit les autorités veulent tourner la page en privilégiant l'apaisement, soit elles ont reçu des pressions pour mettre fin au harcèlement judiciaire des journalistes. Donc, il est peu probable que Hafnaoui retourne en prison ? Compte tenu de ce changement de ton, sa remise en prison semble exclue. Actuellement, le dossier de Hafnaoui est à la cour suprême auprès de laquelle il a introduit un appel. Si le juge décide du renvoi de l'affaire, il y aura un nouveau procès au terme duquel, mon client a toutes les chances d'être innocenté. S. L.