La dissolution des APC bloquées suggérée, mercredi dernier, par le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, ne surprend personne. La dissolution de ces APC, si elle est mise en œuvre, sera une conséquence inévitable, d'autant qu'elles sont bloquées depuis déjà deux mois. Le code communal le prévoit notamment dans son article 34 qui stipule que la dissolution et le renouvellement total de l'Assemblée populaire communale se fera dans les cas suivants : « Lorsque le nombre des élus est devenu inférieur à la moitié des membres, lorsqu'il y a démission collective des membres de l'Assemblée populaire communale, lorsqu'il y a dissension grave entre les membres de l'Assemblée populaire communale empêchant le fonctionnement normal des organes de la commune et dans le cas de fusion ou de fractionnement de communes entraînant transfert administratif de population. » La dissolution se fera, comme le stipule encore l'article 35 du même code, « par décret pris en Conseil des ministres sur rapport du ministre de l'Intérieur ». Dans le cas des communes dont parle le chef du gouvernement, ce sont des dissensions entre les membres des Assemblées populaires communales qui empêchent l'installation des exécutifs communaux et, par ricochet, sont à l'origine des blocages. Cette question remet en avant la problématique de la révision des codes communal et de wilaya qui tardent à voir le jour. Les autorités ne peuvent-elles pas trouver une solution à ce genre de problèmes qui ne cessent de pénaliser les citoyens ? Comment en est-on arrivé à cette situation ? Pour Ramdane Taâzibt, cadre et député du Parti des travailleurs (PT), « le blocage est le résultat de l'inconscience de certains élus qui, pour défendre leurs intérêts personnels, pénalisent le citoyen ». « Ce qui se passe actuellement témoigne de l'absence de toute logique politique. Il y a des élus qui ne suivent même pas les instructions de leur parti », estime-t-il, en précisant que le recours à la dissolution des APC bloquées est « une pénalité regrettable, mais saine ». Le PT, ajoute notre interlocuteur, propose, afin d'éviter ce genre de situations, « de donner des prérogatives aux partis d'agir pour faire respecter les mandats et contraindre les élus à suivre leurs instructions ». « Au PT, nous avons procédé à la levée de la couverture politique à nos élus dans deux communes pour ce genre de problème », déclare-t-il. Pour sa part, le FFS estime que la dissolution des APC « obéit à des calculs politiques visant à avoir une mainmise totale sur les institutions locales en prévision de la présidentielle de 2009 ». Selon le premier secrétaire du parti, Karim Tabbou, les préoccupations du citoyen sont toujours reléguées au second plan, au profit de ces « calculs politiques ». L'orateur rappelle, dans ce sens, le recours « injuste » à la dissolution des APC en Kabylie en 2005. « Tout le monde se rappelle qu'en 2005, suite à accord de honte signé entre le gouvernement et les archs, les APC du FFS ont été dissoutes en recourant à une monstruosité juridique », déclare-t-il. Tous ces faits, explique-t-il, renseignent sur « le bricolage institutionnel et le manque de vision politique dans la gestion des affaires du pays ». « A quoi sert de produire des lois qui ne seront jamais respectées ? », s'interroge-t-il.