En effet, la population de ce village n'en finit pas de lutter pour survivre depuis que la Conservation des forêts interdit tout pacage dans ces contrées steppiques ; sous prétexte de réalisation de programme de reboisement, elle empêche les éleveurs d'exercer leur activité séculaire sur leurs propres terres. Face à cette politique de systématiser le reboisement qui contrarie la volonté de cette population à un retour définitif dans leur village, c'est la volonté des pouvoirs publics de stabilisation des populations rurales qui semble être compromise. La population de ce village, composée de plus de 200 familles, a fait parvenir des missives au chef du gouvernement, au wali de M'sila et au conservateur des forêts pour affirmer ne vouloir aucunement abandonner leur activité ancestrale et continuer « à pacager sur les terres du village ». Et d'ajouter : « On nous a proposé de revenir à nos habitations qui ont subi les aléas du temps et se trouvent présentement dans un état de délabrement avancé. Ce n'est pas parce qu'on a refusé le retour dans ces lieux invivables que l'on s'acharne sur nous. » D'ailleurs, il faut souligner que rien n'a été entrepris pour susciter le retour de ces familles. Il est bon de noter que l'exil de ces familles ne les a jamais empêchées d'exercer leur métier ni d'abandonner réellement leur village où on compte pas moins de 4000 têtes ovines et caprines et quelque 900 bovins au niveau de Ledjefine où les forestiers sont en phase de réduire ce cheptel à travers le programme de reboisement. Le conservateur des forêts de la wilaya de M'sila ne semble pas être prêt à faire des concessions quand il s'agit de réaliser un programme de reboisement, et en guise de réponse aux éleveurs de Ledjefine, il dira en substance : « Celui qui touche à quoi que ce soit ou empêche la réalisation du projet aura affaire à la justice. » Pour le conservateur, « la disparition des espèces endémiques n'est pas due à la sécheresse, mais au pacage et aux labours illicites. Le programme de reboisement lancé a échoué à cause précisément du pacage. Les parcours relèvent du domaine privé de l'Etat et l'on va regarnir pour cette année, les parties qui n'ont pas pris et aménager des couloirs pour permettre aux éleveurs d'accéder à d'autres espaces pour le pacage ». Tout porte à croire qu'un bras de fer semble être engagé entre les deux parties. La population de Ledjefine est disposée au retour dans leur village, mais à condition qu'on prenne d'abord en charge toutes les insuffisances en matière d'habitation. Les autorités locales, par contre, ne veulent s'impliquer dans cette opération que si ces citoyens s'installent au préalable dans leurs maisons et entament leur retour effectif au village.