Le tribunal de Hussein Dey a prononcé la peine maximale à l'encontre du principal accusé en fuite impliqué dans une affaire de trafic de stupéfiants : 20 ans de prison ferme, assortis d'une amende de 100 millions de centimes. Le « cerveau », connu dans le milieu sous le sobriquet de Barracuda, ainsi que son bras droit A.B. qui écope aussi de la même peine, sont condamnés par contumace. Prononcé en public le 30 janvier 2008 par la présidente d'audience de la chambre pénale du tribunal, le verdict n'omet pas de rappeler que les deux mis en cause sont activement recherchés. Les débats de ce procès public, qui a drainé une foule nombreuse, ont eu lieu le 23 janvier 2008 dans ce tribunal de l'est de la capitale. Au box des accusés, deux femmes et un homme. Un à un, ils doivent répondre de l'acte d'accusation faisant ressortir leur implication dans un réseau de trafic de drogue démantelé il y a quelques mois par la gendarmerie à Gué de Constantine, près de Kouba. C. K, la trentaine, est la première à être interpellée. « J'ai sous les yeux le rapport de la police judiciaire et celui du juge d'instruction. Les deux sont unanimes : vous êtes accusée d'avoir mis votre demeure à la disposition du trafiquant pour servir de magasin de stockage pour une quantité de 13,5 kg de cannabis. Qui vous a mis en contact avec le nommé Barracuda ? », interroge la juge, signalant que la question a été déjà « élucidée » dans l'acte d'accusation. Calmement, C. K. prend la parole : « C'est S. K. qui m'a proposé cette affaire, en fait rémunérée car j'ai encaissé 10 millions de centimes. » La juge demande à la jeune femme de désigner du doigt la personne incriminée. « C'est cet homme qui est à mes côtés, madame la présidente. C'est mon beau-frère. Il est marié avec ma sœur. Un jour, il s'amène chez moi pour me proposer de garder une quantité de cannabis contre une somme de 10 millions de centimes. Comme j'habite dans une baraque et que j'avais besoin d'argent pour retaper ma demeure de fortune, j'ai dit oui. Trois jours après, Barrracuda ramène le paquet chez moi. » Le tribunal invite ensuite à la barre S. K, commerçant ambulant, père d'un enfant et beau-frère de C. K. Il nie en bloc les accusations portées, jurant par tous les saints que ses « aveux ont été extorqués de force, sous la torture par les services de sécurité. » « Et vos déclarations au juge d'instruction, corroborant les dires de votre belle-sœur, ont été aussi soutirées par la torture ? », réplique la juge. « Non madame la présidente. J'étais tellement choqué. Je ne savais pas ce que je disais », argumente le mis en cause. Quant à la troisième personne à la barre, A. F., présentée comme une ex-compagne de Barracuda et qui aurait accompagné celui-ci lors de la remise du paquet à C. K., elle sera sacrément défendue par cette dernière. C. K. revient ainsi sur une déclaration à la police. « A. F. n'a pas accompagné le trafiquant le jour de la remise de la marchandise. Elle n'est impliquée ni de près ni de loin dans cette affaire. Je ne savais pas comment j'ai cité son nom aux enquêteurs », dira-t-elle. Dans leurs interventions, les avocats plaident les circonstances atténuantes pour C. K., « Une malheureuse femme sans appui familial » et la relaxe pour S. K., « au bénéfice du doute », argumente le défenseur. Le verdict tombe une semaine après pour ce qui est des trois personnes présentes à la barre : 15 ans de réclusion à l'encontre de C. K., 15 ans de réclusion à l'encontre de S. K. et la relaxe pour A. F. Les condamnés ont 10 jours pour faire appel.