Le directeur de l'exploitation au niveau du barrage de Beni Haroun, Azzedine Lemanaâ, met en garde contre un éventuel danger pesant actuellement sur les 350 familles des villages de Bouleksiba et Messida, situés dans la daïra de Messaoud Boudjeriou, une région très proche de ce barrage. « Le plan d'eau du barrage est en train de monter, parce qu'on est en train de le remplir », précisera M. Lemanaâ, qui signale en outre : « Le danger provient de la retenue du barrage qui avance progressivement, ce qui fait qu'en cas de fortes intempéries, les eaux constituent une sérieuse menace pour ces habitants et risquent d'inonder la route menant vers ces villages. »Ces familles, faut-il le mentionner, devaient être indemnisées il y a deux ans de cela, dans le cadre de la réalisation du projet de Beni Haroun. Malheureusement, rien n'a été fait en ce sens, nous dira notre interlocuteur, qui devait préciser que « l'Agence nationale des barrages et transfert (ANBT) a déjà procédé à l'enquête parcellaire et consigné les fonds nécessaires d'un montant de 44 milliards de centimes au niveau du Trésor public de la wilaya de Constantine ». Cette enquête, tient à affirmer le directeur, a été approuvée par le conservateur foncier de Constantine. Ainsi, les habitants des villages Bouleksiba et Messida ne savent plus à quel saint se vouer. A chaque fois qu'ils se présentent auprès du Trésor public de la wilaya de Constantine pour se faire indemniser, ils ne reçoivent aucune explication à propos de ce retard. Devant le silence persistant et injustifié des responsables du Trésor public, ces familles refusent de quitter les lieux et restent donc toujours exposées à un véritable danger, en continuant même à cultiver leurs terres. Des travaux d'abattage d'arbres et d'évacuation ont été programmés dans cette région par l'ANBT, mais M. Lemanaâ dira : « Ce n'est que la moitié du travail qui a été effectuée sur le terrain, car les habitants se sont opposés et ne voulaient en aucun cas que leurs arbres soient détruits avant leur indemnisation. » L'opération d'abattage des arbres est nécessaire car, explique M. Lemanaâ, « la présence de ces derniers dans la retenue du barrage affecte la qualité de l'eau et accentue le phénomène d'envasement ». Alors, poursuivra le directeur, « l'indemnisation devient une urgence pour procéder à l'évacuation de ces habitants, l'abattage des arbres, et faire de ces deux villages une zone de no man's land ». Signalons que près de 10 000 propriétaires, résidant dans les wilayas de Mila et de Constantine, ont été concernés par l'indemnisation dans le cadre de la réalisation du barrage de Beni Haroun ; 1 600 milliards de centimes ont été dégagés pour procéder à cette opération et, précise M. Lemanaâ, les ex-propriétaires de Mila ont été dédommagés. Mais le problème n'est toujours pas réglé au niveau de la wilaya de Constantine. Allant dans le détail, notre interlocuteur dira que les propriétaires concernés par l'indemnisation résident dans les communes de Messaoud Boudjeriou et de Beni H'midène ; 345 ha relèvent du secteur privé, 176 appartiennent au secteur public à Messaoud Boudjeriou, 9 ha du secteur privé et 3 autres du secteur public à Beni H'midène. L'on apprend, par ailleurs, qu'une vingtaine de ces habitants ont été transférés vers de nouvelles habitations situées à Messaoud Boudjeriou, alors que d'autres, affirme notre interlocuteur, « veulent être indemnisés en espèces ». Au sujet des dédommagements, M. Lemanaâ ne manquera pas de citer des actes frauduleux commis par 19 personnes résidant dans la wilaya de Mila. Ces dernières, qui ont été déjà indemnisées, ont recouru à des méthodes détournées pour être dédommagées une seconde fois à Constantine. « Les noms de ces personnes ont été déclarées au Trésor public et il faut les exclure », a-t-il conclu.