Les prix du pétrole se stabilisent depuis quelques jours en dessous de la barre des 90 dollars le baril. Ce recul de plus de dix dollars depuis le début de l'année est la conséquence des craintes d'une récession de l'économie américaine. Les pertes subies par plusieurs banques suite à la crise des crédits hypothécaires aux Etats-Unis et l'intervention de la Réserve fédérale, qui a baissé d'une manière substantielle son taux directeur à deux reprises en l'espace de dix jours, ont fini par faire admettre l'inéluctabilité d'une récession de l'économie américaine, sinon un recul notable de la croissance. C'est dans cette conjoncture très complexe que l'Opep évolue, pressée qu'elle est par les grands pays consommateurs qui lui demandent de produire encore plus de pétrole et marquée par ailleurs par ce qu'on pourrait appeler le syndrome de Djakarta. La ville où a eu lieu la conférence de l'Opep qui avait décidé en 1997 une augmentation de la production à la veille d'une crise financière en Asie. Une décision qui a fait chuter les prix du baril de pétrole en dessous des 10 dollars en 1998 et entraînant de graves crises budgétaires dans les pays exportateurs de pétrole. C'est ce qui explique un peu les réponses polies faites par l'Arabie Saoudite au président américain qui avait demandé directement au roi Abdellah une augmentation de la production lors de sa visite au royaume à la mi-janvier. Jusqu'à présent, l'Opep a réussi à faire admettre son point de vue qui est basé sur une grande prudence. Elle évite d'augmenter la production à la veille d'une période qui sera marquée par une baisse de la demande mondiale de pétrole à cause de la fin de l'hiver, une baisse qui sera encore plus accentuée par le recul de la croissance de l'économie américaine. Comme elle a évité de parler de réduire sa production pour éviter aussi que les prix ne remontent encore et influent sur la croissance. Cette situation très complexe explique le nombre important de conférences que l'organisation a tenu depuis six mois. Le manque de visibilité sur la portée ainsi que sur les effets du recul de la croissance aux Etats-Unis ont obligé l'Opep à temporiser en attendant de voir plus clair. Il y a quelques jours, le Fonds monétaire international a révisé nettement à la baisse ses prévisions de croissance pour 2008 en constatant le ralentissement de l'économie américaine et les risques de contagion sur le reste du monde. Si les prix du pétrole évoluent en dessous des 90 dollars le baril, ils n'ont pas encore atteint le seuil qui pourrait amener l'Opep à intervenir. La prochaine réunion, qui aura lieu au début du mois de mars, devrait permettre de voir plus clair. L'idée d'un baril de pétrole dont le prix serait situé entre 70 et 80 dollars durant cette période de crise a déjà commencé à faire son chemin, dans le cas bien sûr où la récession ne toucherait pas toutes les régions du monde. Sinon l'Opep serait peut-être obligée de réduire sa production.