« C'est à l'Algérie de se mettre au boulot », a déclaré le commissaire européen au commerce. L'Europe se montre inflexible sur les dossiers de l'énergie et des services. En visite pour deux jours à Alger, le commissaire européen au commerce, Peter Mandelson, estime que « l'Algérie est trop en retard pour se permettre une attitude timorée » concernant l'avancement des réformes dans le domaine commercial, avant d'ajouter : « Le moment est venu maintenant pour ne pas manquer de courage. » En présence du ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, M. Mandelson a soutenu qu'il était du « devoir de l'Algérie d'avancer ». Dans le même temps, avoue-t-il, « l'UE doit accroître son soutien ». A l'occasion d'un point de presse tenu hier à la résidence El Mithak, le représentant de l'Union européenne (UE), tout en louant les étapes franchies, a incité les autorités algériennes à « aller plus profondément et plus vite dans ses réformes ». Il s'agit principalement des questions relatives aux politiques commerciales. L'UE veut réviser l'accord d'association entré en vigueur en septembre 2005 avant l'échéance officielle de cinq ans. En effet, M. Mandelson a exprimé son insatisfaction quant à l'application actuelle de l'accord. « Je ne crois pas qu'à l'heure actuelle, cet accord fonctionne suffisamment bien », a-t-il jugé. Pour l'émissaire européen, « il faudra se revoir pour renouveler l'accord de partenariat avant 2010 pour approfondir les conditions commerciales ». Il s'agit, poursuit le même responsable, de voir comment l'Algérie peut tirer plus d'opportunités et d'avantages de cet accord. Considéré par le conférencier comme « une bonne base », ledit accord doit être amélioré pour constituer « une base plus solide pour plus d'ouverture à même de permettre le développement du secteur privé en Algérie ». Tout en soulignant que « l'Algérie a profité des programmes de réformes économiques initiés par le président Bouteflika et son gouvernement », il ne manquera pas de dire combien il est primordial de « maintenir cette dynamique pour que véritablement le progrès apporte ses fruits ». De son avis, l'Algérie a besoin d'une croissance économique. Abordant l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Mandelson a considéré que « l'étape à venir est essentielle et conditionne tous les progrès accomplis à ce jour ». Il refusera par ailleurs de lier la lenteur qu'enregistre le processus d'adhésion aux exigences que pose l'UE. « C'est une erreur de penser qu'aujourd'hui l'adhésion à l'OMC achoppe sur un contentieux entre l'Algérie et l'UE. Pas du tout. A l'OMC, il y a 151 membres et chacun a son calendrier », se défend-il. Pour ce haut fonctionnaire européen, « il y a des problèmes qui n'ont pas été réglés. On ne peut pas se contenter de les balayer. C'est à l'Algérie de se mettre au boulot. C'est un travail laborieux et difficile avant de pouvoir conclure ». Plus précisément, l'Europe se montre inflexible sur les dossiers de l'énergie et des services. Des volets sur lesquels elle invite l'Algérie à faire des progrès. La question de l'énergie se pose en termes de transport et de la double tarification du prix de l'énergie. « Des progrès ont été réalisés sur ce volet et nous sommes maintenant en phase de clarifications finales », a tenu à préciser M. Mandelson. Par contre, sur la libéralisation des services, aucune avancée n'a été signalée. La délégation européenne est venue dire aux responsables algériens que le vieux continent aspirait à plus d'ouverture dans le secteur des services pour permettre des investissements étrangers en Algérie.