Des femmes diabétiques insulinodépendantes viennent de recevoir des glucomètres portatifs grâce à l'association des Lions club de Mostaganem. D'une valeur d'environ 8 000 DA, l'appareil est un outil indispensable à la mesure instantanée de la glycémie. Le choix des malades s'est effectué grâce à un premier dépistage réalisé par un médecin traitant ; mais la remise de l'objet de toutes les convoitises n'interviendra qu'après un questionnaire des plus serrés. Ceci dans le but de faire vraiment œuvre utile en venant au secours des malades les plus démunis, mais également ceux dont la maladie nécessite la disponibilité d'un tel appareil. C'est d'ailleurs à la suite de ce questionnaire qu'une malade sera écartée du bénéfice, car sa glycémie s'est avérée totalement stabilisée par les médicaments courants que lui aura indiqué son médecin traitant. Même si sa frustration était réelle, cette dame d'un certain âge finira par accepter la démarche du Lions Club, dont les membres lui expliqueront que cet appareil sera plus utile à un autre malade. La cérémonie, qui se voulait conviviale, finira par déborder sur des aspects insoupçonnés de la vie des ces diabétiques, notamment lorsque cette dame de 50 ans dira survivre avec son diabète depuis plus de 25 ans. Une autre avouera n'avoir enfanté que tardivement. Une troisième dira sa difficulté à suivre un traitement complexe fait d'alternance entre des injections régulières et l'absorption quotidienne de 4 comprimés. Mais c'est cette femme dont le dénuement le plus total était apparent qui plongera les présents dans une insoutenable affliction, notamment lorsqu'elle avouera avoir rencontré cette terrible maladie suite à un vol par effraction dont sa famille, pourtant fort démunie, sera la victime expiatoire. Comme quoi, un malheur n'arrive jamais seul ; car depuis maintenant plus de 20 ans, cette femme vit dans la hantise de cet incident déclenchant, mais également sous la dépendance d'une glycémie capricieuse. Fortement amaigrie, la vue chancelante, responsable d'une famille nombreuse et déshéritée, vivant dans des conditions insoutenables, elle recevra son glucomètre comme une indescriptible délivrance. Mais le plus remarquable dans son comportement c'est certainement cette ultime dignité dont elle ne se départira à aucun moment. Car il faut avoir une sacrée force de caractère pour ne pas s'abandonner. Consciente de devoir assumer sa responsabilité totale et entière de mère au foyer, elle aura réussi non seulement à vaincre et faire reculer la maladie, mais à élever ses enfants comme le ferait une mère en parfaite santé. Assurément, son courage et sa sincérité auront convaincu les membres du Lions Club qu'un diabétique aussi démuni et aussi engagé dans sa vie familiale justifiait leur engagement à venir en aide à autrui. Surtout lorsque cet homme ou cette femme faisait montre d'une inébranlable volonté de vivre et de donner la vie. La cérémonie, qui s'est clôturée dans une ambiance très chaleureuse, n'aura pas fait oublier à ces bienfaiteurs que leur action devait se poursuivre sous d'autres formes et toucher d'autres personnes dans le besoin.