Les rebelles du FUC étaient jeudi aux portes de N'Djamena. La France apporte son aide «technique» à l'armée tchadienne. Le Tchad se trouve à nouveau dans la tourmente, après l'offensive déclenchée depuis dimanche dernier par la rébellion du Front uni pour le changement (FUC) qui a occupé, brièvement, mercredi la ville de Mongo. Mais jeudi, la situation s'est encore détériorée avec l'arrivée, aux portes de N'Djamena, des rebelles qui ont tenté un coup de force dans la capitale. Hier, le calme semble être revenu alors que les autorités tchadiennes affirment avoir repoussé l'attaque et que la situation était désormais sous «contrôle» affirmait par ailleurs le président Idriss Deby Itno. «Les colonnes de rebelles ont été entièrement détruites (...) la situation est entièrement sous contrôle», a affirmé hier matin le président Deby dans une déclaration à Radio France Internationale (RFI). «Il n'y a rien, rien du tout (...) il y a eu des tirs d'armes légères près de l'Assemblée nationale, c'est tout (...) trois véhicules ont été repérés, ils ont été détruits sur place» a encore souligné M.Deby. Toutefois, les choses sont loin d'être décantées ni la situation, notamment à l'intérieur du pays, très claire. Si les autorités de N'Djamena criaient hier victoire, de leur côté les rebelles affirmaient avoir effectué un retrait « tactique » après avoir démontré leur force. Les rebelles du FUC ont réalisé un «repli tactique» à une quarantaine de km de N'Djamena, après les combats de jeudi dans la capitale destinés à renverser le régime en place, a affirmé hier un porte-parole du Fuc sur la radio française RFI. «Pour le moment effectivement il y a une accalmie, mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas à portée de N'Djamena. C'est un repli tactique» a déclaré le porte-parole du FUC en Europe, Abdel Maname Mahamat Khattat, qui souligne que «Les troupes françaises qui sont à N'Djamena ont complètement pilonné nos positions. Nous nous sommes un peu repliés pour examiner une autre stratégie pour attaquer la ville». N'Djamena était certes calme, mais présentait hier l'image d'une ville sous état de siège militaire. Les autorités tchadiennes avaient accusé, hier, Khartoum d'être derrière la tentative du coup de force, comme, l'indiquait, le chef de la diplomatie tchadienne, Ahmat Allami qui a accusé jeudi Khartoum, soupçonné de soutenir la rébellion tchadienne, de mener une «agression programmée» contre son pays, affirmant «Nous avons toujours dit qu'il y a une agression programmée à partir de Khartoum contre le Tchad» a-t-il dit au Caire lors d'une déclaration à la presse en compagnie de son homologue égyptien Ahmed Aboul Gheït. «Ce que nous vivons actuellement au Tchad depuis 72 heures n'est que le résultat et la conséquence de la continuation de cette politique agressive du régime de Khartoum contre le Tchad» a-t-il ajouté. Khartoum dément toute implication dans les évènements survenus au Tchad et accuse à son tour N'Djamena de soutenir la rébellion au Darfour -limitrophe du Tchad- où une guerre civile sévit depuis mai 2003. Outre le front animé par le Mouvement pour la justice et la démocratie au Tchad, (Mjdt) qui mène une guérilla au nord du Tchad depuis près de cinq ans, et celui du FUC, qui est passé à l'offensive en début de semaine, N'Djamena a eu à affronter, et défaire, l'an dernier la rébellion du Scud (Socle pour le changement, l'unité et la démocratie, formé en grande partie d'anciens compagnons de lutte d'Idriss Deby) dans l'extrême est du pays. La France qui a condamné jeudi toute «tentative de prise de pouvoir par la force» a, dans le même temps, décidé de mettre en application les clauses de l'accord la liant au Tchad en envoyant un renfort de 150 soldats, venus de Libreville (Gabon) et en mettant son aviation au service des forces tchadiennes aux fins de lui apporter son soutien logistique. «Les forces françaises au Tchad ne sont pas impliquées dans les combats», et leur rôle se limite à un «soutien de renseignement» au régime «légitimement élu», a indiqué hier une source militaire française. Ainsi, des soldats tchadiens ont été transportés jeudi soir et hier dans le sud du pays par avions français, à la demande de l'armée nationale tchadienne (ANT) qui fait face à une rébellion armée, ont indiqué des sources proches du ministère français de la Défense. L'Union africaine, UA, à «condamné fermement» jeudi «les attaques perpétrées par des mouvements rebelles au Tchad qui constituent une tentative inacceptable de renversement du gouvernement en place par des moyens anticonstitutionnels». Par ailleurs, à la demande du Congo populaire -qui assure la présidence tournante de l'Union africaine- le Conseil de sécurité de l'ONU a commencé jeudi à étudier la situation induite au Tchad par la rébellion du Front uni pour le changement (FUC).Suite au dernier développement de la situation au Tchad, N'Djamena annonce la rupture de ses relations diplomatiques avec le Soudan.