C'est le film le plus cher de l'histoire du cinéma français avec 78 millions d'euros. Une sortie européenne dans 5000 salles. Une première là aussi. Un budget astronomique pour soutenir la promotion avec 20 millions d'euros. Les réalisateurs Thomas Langmann et Frédéric Forrestier choisissent sciemment une année olympique (les prochaines joutes auront lieu cet été en Chine) pour faire sortir ce long métrage (1h53). Ils ne semblent pris que par un seul souci : créer un Harry Potter français. Mais aussi faire mieux que les deux précédents du petit Gaulois, Astérix et Obélix contre César et Mission : Cléopâtre produits par le père de Thomas Langmann, Claude Berri. Pour en mettre plein les yeux, ils ont fait appel à des poids lourds : Alain Delon, qui semble au comble du narcissisme joyeux dans le rôle de l'empereur romain Jules César ; Gérard Depardieu, fidèle au personnage du gros Obélix ; Clovis Cornillac, qui a remplacé laborieusement Christian Clavier dans le rôle d'Astérix ; Benoît Poelvoorde, peu convaincant et trop envahissant dans le personnage de l'odieux Brutus Marcus, protégé de Jules César, mais également une liste de people (c'est à la mode en France). Zineddine Zidane, Djamel Debbouz, Francis Lalanne, Adriana Karembeu, Dany Brillant, Michael Schumacher, Amélie Mauresmo et le basketteur Tony Parker... Manquaient à l'appel Carla Bruni, désormais « la plus française des Italiennes » puisqu'elle a épousé Nicolas Sarkozy et, probablement, Claire Chazal ou — pourquoi pas — Murielle Robin ! Zidane et Djamel sont ridicules dans des rôles insignifiants, dans les cinq dernières minutes du film, durant lesquelles un ballon blanc est un dénominateur commun. On ne sait pas vraiment qu'est-ce qu'ils font dans ce film. Autant que le pilote de Formule 1, Michael Schumacher, qui conduit un char rouge en matière plastique. C'est bien de faire de l'ironie, mais pas à ce point là. L'idée du film, inspirée partiellement de la bande dessinée d'Albert Uderzo, 81 ans, et de René Goscinny (décédé en 1977), est simple : pour épouser la princesse grecque Irina, le jeune Gaulois Alafolix, incarné par Stéphane Rousseau, doit remporter les jeux olympiques. Astérix et Obélix s'engagent à l'aider à gagner en surmontant les épreuves et les tricheries de Brutus, amoureux, lui aussi, d'Irina. Brutus veut en découdre avec son « père » en cherchant à le tuer pour le remplacer au trône et devenir « le maître du monde » (déjà entendu mille fois). L'histoire, la vraie, a retenu que Brutus a assassiné son père avant de se donner la mort, humilié dans une bataille par Antoine et Octavien. Mis à part cela, le film est bourré de scènes « numériques », de gags débiles, de postures artistiques usées jusqu'à la moelle et d'effets spéciaux à deux euros. Le dialogue est rachitique et les répliques au summum de la stupidité. Alain Delon n'est plus ce qu'il était et Gérard Depardieu semble tourner autour de lui-même. Le film n'a pas échappé à la tentation de faire dans « le petit » dialogue des civilisations. « Que les sables du stade rougissent du sang des perdants ! », lance Jules César, « le dictateur perpétuel ». Les nations présentes dans les joutes sont Rome, la Grèce, la Germanie et l'Egypte. Et bien sûr, c'est toujours les athlètes égyptiens qui se font humilier et qui perdent. Un hasard ? Au bout de quelques prouesses enfantines, le film se termine comme il a commencé : ni queue ni tête. Il s'agit, tout compte fait, d'une superproduction, « d'un Ben Hur » français (l'expression est de Albert Uderzo), mais qui n'égale pas le Harry Potter britannique. Le cinéma français, qui fournit parfois des films de bonne facture, a raté, cette fois-ci, l'occasion de ne pas voir plus grand que l'empire romain. Astérix aux jeux olympiques prouve qu'il ne suffit pas d'avoir de l'argent pour faire des chef-d'œuvres. Il faut avoir des idées. Et du talent ! « L'esbroufe » n'a jamais fait l'art.