Zaïm Bensaci, président du Conseil national consultatif, plaide pour un traitement « différencié » au cas par cas, mais sur la base d'un seul principe qui consiste à « assainir la situation financière de ces entreprises sur la base de la prise en charge par l'Etat des surcoûts engendrés par les dévaluations ». La stratégie industrielle, dont la révélation de la mouture finale est différée depuis près d'une année, a été expurgée, dans son volet relatif à la mise à niveau des entreprises, de son principal point, à savoir le sauvetage de certaines PME en difficulté financière, avons-nous appris auprès d'une source proche du dossier. Les rédacteurs du document final, révèle notre source, ont éliminé de la mise à niveau les PME traînant des dettes remontant au début des années 1990. Pourtant, les travaux des assises sur la stratégie industrielle, tenus au Palais des nations les 26, 27 et 28 février 2006, avaient adossé en plénière l'impérative nécessité de faire bénéficier cette catégorie d'entreprises des apports de la mise à niveau. Contacté pour confirmation, Zaïm Bensaci, modérateur de la sixième commission portant sur la mise à niveau lors de ces assises, a souligné que le document remis au ministère des Participations et de la Promotion des investissements, devenu entre temps ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements, faisait mention de cette vieille revendication des patrons de PME. En séance de clôture à laquelle avaient assisté le chef du gouvernement et son ministre de l'Industrie, le modérateur avait lu : « La commission recommande de mettre en œuvre un traitement spécifique et approprié à travers un plan de sauvetage pour permettre aux entreprises en difficulté représentant un potentiel important qui mérite d'être mis en valeur, d'accéder au dispositif de mise à niveau. » Pas étonné, Zaïm Bensaci, qui préside, par ailleurs, le Conseil national consultatif de la PME (CNC-PME), s'est interrogé sur les relents d'une telle décision si elle venait à se confirmer. « Je me pose la question de savoir s'ils l'ont fait à dessein ou parce qu'ils considèrent ladite mesure accessoire ? », s'est-il demandé lors d'un entretien qu'il a accordé à El Watan. Dossier laissé en suspens par les gouvernements successifs, le nombre de ces entreprises est estimé, par notre interlocuteur, à environ 300 entre publiques et privées. Pour en finir avec ce problème, Zaïm Bensaci, qui se dit tout autant solidaire des intérêts des banques nationales, plaide pour un traitement « différencié » au cas par cas mais sur la base d'un seul principe. Celui-ci consiste, soutient-il, à « assainir la situation financière de ces entreprises sur la base de la prise en charge par l'Etat des surcoûts engendrés par les dévaluations ». « D'autant que les entreprises victimes des dévaluations recèlent un potentiel tel qu'énoncé par les recommandations », poursuit le président du CNC-PME. « Il n'y aura pas de solutions définitives si nous ne retournons pas vers l'historique de la dette », tranche notre interlocuteur. Une crainte exprimée au moment où le département de la PME cherche depuis six mois, avec son homologue des finances, les issues possibles. Parmi les propositions soumises par le ministère de la PME et de l'Artisanat, l'étalement du remboursement et l'effacement d'une partie des agios. « Solution acceptable mais qui reste discutable », selon Zaïm Bensaci qui ne veut pas déroger à la règle du retour au point de départ de ce surendettement. A ce sujet, dit-il encore, le travail effectué dans le cadre du comité de la perte de change devrait être déterré pour servir de référent. Dans le même ordre d'idées, Zaïm Bensaci se montre sceptique quant aux résultats attendus du programme national de mise à niveau. Si le premier programme mené sous la houlette de l'Union européenne est considéré par ce responsable comme un « échec », celui en phase de lancement par les pouvoirs publics risque de connaître un sort similaire. Pour M. Bensaci, le nouveau programme que gérera l'agence gouvernementale ANDPME est « calqué » sur le modèle de l'EuroDevelopment PME financé sur fonds de Meda. De son avis, « en restreignant l'accès à la mise à niveau aux seules entreprises financièrement saines alors que nous avons des entreprises en difficulté financière mais jouissant d'un potentiel productif, le programme ne fait que reconduire les recettes de l'échec ». Au-delà des mécanismes de mise à niveau, le premier responsable du CNC PME considère que le développement des PME algériennes est subordonné à une véritable volonté politique qui devrait prendre signification en y dégageant au minimum 1% du PIB.