Dans la demeure des Ghoul, à Djelfa, l'ambiance est à la fête. La grande salle à l'entrée sert à accueillir les visiteurs. C'est son père, avec sa légendaire moustache masquant un large sourire, qui nous reçoit. Après six mois d'incarcération, la libération de Hafnaoui Ghoul, correspondant du quotidien arabophone El Youm, a été une surprise pour tous. Les incrédules sont encore légion à Djelfa où la nouvelle leur paraît invraisemblable. « Depuis trois jours, ça n'arrête pas », lance Hafnaoui avec le sourire comme gêné de ne pouvoir se consacrer à tout le monde. Dans le salon, des amis, des correspondants de presse comme lui et des élus, anciens et actuels, défilent - le temps d'une gorgée de thé ou de café - pour s'assurer de la véracité de la nouvelle. Et c'est en habit traditionnel qu'ils le retrouvent. Souriant, blaguant et malmenant le premier maire de la ville de Djelfa, Belabbès Delloula, personnage d'un âge vénérable. De l'autre côté du rideau qui sépare la maison, on devine, derrière les voix des enfants, celles plus secrètes des femmes s'activant à assurer le service. Sa mère, sa femme et ses trois enfants sont là. Mardi dernier, soit la veille de sa libération, sa famille est allée le voir à la prison de Djelfa où il a été transféré lundi. « Sur le coup, il nous a demandé de lui ramener un couffin pour déjeuner la semaine prochaine », témoigne son frère Messaoud. Ni lui ni l'administration pénitentiaire ne savaient qu'il allait passer de l'autre côté des barreaux. Mercredi, en fin d'après-midi, El Hafnaoui Ghoul, devant la prison de Djelfa, portait son sac d'un côté et brandissait un doigt de l'autre. Il comptait revenir chez lui, à la cité Boutrifis, en autostop. C'est un membre de sa famille qui l'embarque...