Son passage à Alger a été salué par le Tout-Alger littéraire. L'initiative des éditions Sédia le concernant a fait bonne impression. L'écrivain français Philippe Claudel ne s'est jamais départi de ses premières impressions ; il reste tout compte fait l'enfant de la Lorraine qui l'a vu naître à l'écriture et à l'engagement auprès des petites gens. Dans tous ses livres, transparaît ainsi cette partie qu'il n'a jamais essayé de cacher. Point de désintéressement chez cet auteur prolixe et scénariste attitré. Tout ce qui émeut son entourage ne lui est pas étranger. L'abord formidable, Philippe Claudel reste ce fils de prolo qui s'essaie tôt à l'écriture poétique et écrit, assure-t-on, au bistrot du coin tout en revendiquant les souffrances des siens. Point de prétentions aussi chez cet écrivain engagé. Néanmoins, les idéologies et les explications toutes faites, il s'en méfie. Pour ce Lorrain pure laine, pas chauvin pour un sou, il faut prendre le contre-pied des réponses toutes faites ; elles ne sont jamais ce qu'on veut qu'elles soient. La souffrance demeure sa préoccupation et après ses études de littérature française, il en fait sa priorité. D'ailleurs, il s'y met au début en enseignant dans un centre de détention, puis dans un centre pour handicapés moteurs avant d'être aussi professeur à l'université de Nancy. Son premier livre, Meuse l'oubli il le « consacre » à sa terre. Coup de starter, il enchaînera les livres et les succès aussi. Les Ames grises lui permettra d'avoir le Renaudot alors qu'il était nominé pour le Goncourt. Mais, ce n'est que partie remise. Humaniste et simple, Claudel, l'est à coup sûr. « Quand j'écris, je ne me pose jamais la question de ce que je suis, de ce que je fais », s'est contenté de répliquer à ceux qui cherchent les mécanismes cachés de son écriture haletante mais jamais essoufflée. Premier de sa classe, premier de sa génération ? L'auteur s'éloigne des qualificatifs et garde son sang-froid malgré ce succès rencontré aussi de ce côté-ci de la Méditerranée. Réédité chez Sédia, Le Rapport de Brodeck, publié l'an dernier et aussitôt récompensé par le Goncourt des Lycéens, le révèle encore plus à ses lecteurs, d'autant plus qu'il utilise ce « je » qui trahit souvent les romanciers. Réponse de Claudel qui ne cesse de surprendre son monde : « Un écrivain n'existe que par ses livres, toute critique ne doit pas s'en éloigner au risque de faire dans la redondance. Le côté people mis en avant par certains ne peut guère intéresser que l'auteur, pas ses lecteurs ni cette critique critiquable. » Il est à noter que les éditions Sédia voient les choses en grand et « récupèrent » les grands écrivains hexagonaux.