Le quartier Trois Caves II à Zmirli, commune d'El Harrach, a connu ses premiers travaux d'urbanisation en 1989. En effet, les autorités locales à l'époque ont cédé dans le cadre social des lots de terrain à des postulants au logement résidant dans ladite commune, aux dires d'une partie des bénéficiaires de cette initiative. Aujourd'hui, des habitants de ce quartier organisent dans un bidonville, vu l'inexistence des conditions de vie en ce nouveau lieu de résidence, qu'ils croyaient, avant de s'y installer, être enfin leur havre de paix. A l'entrée du quartier, les yeux du visiteur sont agressés par des amas d'ordures en attente d'évacuation au bonheur des canins qui y fouinent en quête de pitance. La rue principale de l'agglomération est inondée par les eaux de pluie auxquelles se mêle, selon des résidents en ces lieux, l'eau provenant de la morgue de l'hôpital Zmirli, lequel surplombe le quartier. Corrodée par des creux, en partie couverte de boue, elle est impraticable à l'exemple de plusieurs passages et chemins sillonnant la zone urbaine en question. « Les chauffeurs de taxi refusent de pénétrer dans cette zone à cause de l'état défectueux de son réseau routier », expliquent des habitants du quartier rencontrés sur les lieux. Réseau dont une partie importante est aussi dépourvue de trottoirs. Les canalisations pour les eaux usées sont inexistantes. Ce qui oblige les habitants à aménager des fosses septiques ; un palliatif générateur de problèmes. « Ces fosses deviennent avec le temps défectueuses. Elles débordent ainsi d'eau et d'excréments. D'où la contrainte de les vider et de les nettoyer. Une opération qui coûte 1670 DA par fosse », relève un résident. « Les instances concernées ont exigé de nous une contribution financière fixée à 4000 DA par famille pour installer les canalisations des eaux usées. Nous avons payé en conséquence mais rien n'a été fait à ce jour pour régler ce problème », rappelle son voisin. Concernant les réseaux d'eau potable, des habitants du quartier relèvent : « La canalisation principale est installée. Restent les branchements individuels. Pour ce faire, les responsables concernés nous ont demandé de contribuer à raison de 7000 DA par famille. Une somme qui constitue la première tranche de la contribution exigée. Nous nous sommes acquittés de ces frais, mais les travaux restent au stade des promesses. A ce jour, nous nous approvisionnons avec des citernes. Et cela, à raison de 700 DA la citerne de 3000 l en hiver. Prix qui s'élève à 1200 DA durant l'été. En plus, cette eau n'est pas potable. Nous l'utilisons pour les besoins domestiques. » Hypothétique alimentation en gaz de ville L'alimentation en gaz de ville y fait aussi défaut. « Initialement, on nous demande de contribuer à raison de 10 000 DA par famille pour ouvrir droit au gaz de ville. Somme portée par la suite à 33 000 de DA. En d'autres termes, la première fois, on nous propose de contribuer à l'installation du réseau d'alimentation en gaz de ville pour ensuite exiger de nous de financer tout le projet. Il s'agit d'une injustice. Nous avons quand même honoré cette facture de 33 000 de DA. Néanmoins, à l'exemple des canalisations des eaux usées et d'eau potable, rien n'est fait jusque-là », constatent les mêmes interlocuteurs. Et d'ajouter : « Nous n'avons ni eau ni électricité. Le gaz de ville fait défaut aussi. Le réseau routier est impraticable, et nous payons la taxe foncière. Nous avons enregistré de nombreux cas de maladies à transmission hydrique. Vu les amas d'ordures qui pullulent dans les quartiers, nous sommes envahis par les rats. Les responsables concernés ne se rappellent de notre existence que durant les campagnes électorales. Ils se présentent en la circonstance, et nous font miroiter de promesses. Une fois les épreuves électorales terminées, ils nous oublient. Notre quartier constitue un cimetière perdu et oublié. Nous avons exposé nos problèmes, à toutes les instances concernées en vain. Des lignes électriques de haute tension traversent le quartier. Elles constituent un danger pour nous. L'an dernier, un voisin est mort électrocuté. » De son côté, la directrice de l'école primaire Trois Caves relève que son établissement inauguré pourtant en novembre 2003 est dans un état désolant.« Nous n'avons ni chauffage ni porte-manteau. L'eau fait défaut d'où le manque d'hygiène. Nous avons installé une citerne d'eau. Un médecin nous a recommandé récemment d'interdire aux écoliers de consommer l'eau provenant de cette citerne car impropre. Des parents d'élèves ont dû payer de leurs propres poches pour peindre les salles pédagogiques. En outre, nous ne disposons pas de téléphone », relate la même responsable. Rencontré à son tour, le président de l'APC d'El Harrach rappelle avoir consacré 5,02 milliards de centimes pour la réalisation de réseaux d'assainissement dont 1,8 milliard pour le réseau principal. Lequel est installé. Pour les réseaux secondaires, il ne reste à réaliser que la cinquième tranche. Elle touche les constructions situées au bord de l'oued. Les travaux seront entamés l'été prochain « car, mener cette opération durant l'hiver peut provoquer des affaissements. Cela dit, le taux d'avancement des travaux de réalisation du réseau d'assainissement est de 95%. Ainsi, il ne reste aujourd'hui en cette agglomération qu'une centaine de fosses septiques. Concernant l'eau potable, la canalisation principale est installée. Elle a coûté 1,8 milliard de centimes. Restent les réseaux secondaires et les raccordements. Pour ces conduites secondaires, nous avons publié les appels d'offres et choisi l'entreprise qui réalisera le projet. Lequel absorbera une enveloppe de 2,8 milliards de centimes. Les travaux seront entamés à la mi-décembre. Le délai de réalisation est de deux à trois mois. Une fois qu'ils seront terminés, nous installerons les raccordements. L'opération durera trois mois. Ainsi, l'eau potable sera disponible avant l'été prochain. » Au sujet du problème d'installation des réseaux d'approvisionnement en gaz de ville, « ce n'est pas à nous de les réaliser. Néanmoins, nous pouvons contribuer sur le plan financier pour concrétiser ce projet. » Non-respect des horaires Concernant la collecte d'ordures, il déclare qu'elle est « assurée au quotidien. Cependant, les citoyens ne respectent pas les horaires de la collecte et déposent, en des endroits autres que ceux destinés à cet effet, leurs sachets d'ordures. De ce fait, il y a manque d'hygiène dans le quartier ». Le même responsable souligne avoir élaboré un plan d'action pour l'année 2005 à « soumettre au préalable à la tutelle ». Il comprend le déplacement d'une ligne électrique haute tension au niveau de l'agglomération, une opération qui « nécessite un milliard de centimes ». Sont prévus aussi des travaux de goudronnage des routes au niveau des quartiers Trois Caves I et II. Ils coûteront respectivement 4 et 14 milliards de centimes. » Cela étant, intime le même interlocuteur, « nous ne pouvons pas régler tous les problèmes en une année, d'autant que nos moyens financiers sont limités. En plus, il y a plusieurs quartiers à El Harrach qui sont confrontés aux mêmes contraintes vécues par les habitants des Trois Caves II. A l'exemple du quartier Sidi M'barek et de la cité La Radieuse où les canalisations d'eau potable sont vétustes. Nous allons les refaire incessamment. Aussi, nous devons entamer les travaux de revêtement d'une partie du réseau routier d'El Harrach à l'exemple de la rue Malika Gaïd. Mais la priorité de notre plan d'action pour 2005 est la réhabilitation du quartier des Trois Caves. Nous demandons aux citoyens de patienter. »