Le rassemblement de l'intersyndicale autonome de la Fonction publique devant le Palais du gouvernement n'a pas eu lieu hier. Les délégués de cette organisation composée de sept syndicats (Cnapest, CLA, Satef, Snapap, SNTE, Snapem et Ceca) ont été empêchés d'atteindre les lieux. C'était prévisible, mais les syndicalistes sont allés au bout de leur action et ont marqué le point. Le décor est planté dès les premières heures de la matinée. Il était 9h45. Les syndicalistes commencent à se rassembler devant la Grande Poste, premier lieu de rencontre avant le départ vers le Palais du gouvernement. Les policiers, eux, étaient déjà là. En uniforme et en civil, ils bouclaient toutes les ruelles menant vers le lieu du sit-in. Vers 10h, de nombreux fonctionnaires ont rejoint la foule. Elles étaient environ 200 personnes. Brandissant des banderoles et des pancartes sur lesquelles sont inscrites leurs revendications, les contestataires s'apprêtaient à marcher. C'est à ce moment-là que les policiers interviennent pour disperser la foule. « Partez ! Dispersez-vous », lance un des policiers à leur adresse en les bousculant. « Ouladna harraga, ntouma haggara » (nos enfants sont des harraga et vous vous êtes injustes) et « Djazaïr horra dimoqratiya » (l'Algérie libre et démocratique) scande la foule en réaction à l'attitude des agents de l'ordre qui veulent la pousser à quitter les lieux. Un syndicaliste du Snapap a été tabassé et un autre représentant du Cnapest a failli être embarqué. Malgré la pression des policiers, les protestataires tentent de marcher vers le Palais du gouvernement en empruntant la rue principale. Repoussés, ils décident alors de prendre un raccourci. Ils empruntent les escaliers de la rue El Idrissi. En vain. Postés au niveau du boulevard docteur Saâdane, menant vers le siège du gouvernement, les policiers les repoussent à nouveau. Rassemblés au niveau des mêmes escaliers, les protestataires scandent à nouveau des slogans hostiles aux pouvoirs publics et aux policiers. « Ce sont des policiers misérables comme nous qui nous tabassent », crient-ils encore avant de procéder à la prise de parole. C'est le coordinateur du Cnapest, Nouar Larbi, qui prend la parole en premier pour lire une déclaration et proposer la constitution d'une délégation des représentants de chaque syndicat. Une délégation qui devait se rendre au Palais du gouvernement pour y rencontrer le chef de l'exécutif. Venant épauler les syndicalistes, des députés du RCD, Ali Brahimi et Tahar Besbas, prennent aussi la parole pour témoigner le soutien de leur parti au mouvement. « Le groupe parlementaire du RCD proposera, dès la prochaine session du Parlement, l'ouverture d'un débat sur le pouvoir d'achat des Algériens », déclare Ali Brahimi sous un tonnerre d'applaudissements. Des représentants du FFS et d'autres organisations étaient également présents. Une fois constituée, la délégation tente de se rendre vers le Palais du gouvernement. Empêchés une nouvelle fois, les membres de l'organisation invitent alors les contestataires à rentrer chez eux. « Aujourd'hui, nous avons confirmé que les portes du dialogue sont scellées devant les syndicats autonomes », résume Hadj Djilani, chargé de la communication du Snapap (aile conduite par Rachid Malaoui). Avant de quitter les lieux, les leaders des sept syndicats affirment que le mouvement ne va pas s'essouffler. « Nous pouvons augmenter la pression, si nos bases le veulent », concluent-ils.