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« La liberté de création me donne des ailes »
Ali Mouzaoui. Réalisateur et auteur
Publié dans El Watan le 14 - 02 - 2008

Mimezrane est le 4e long métrage en tamazight. Quel commentaire cela vous inspire-t-il ?
Tout à fait au début, le premier film en kabyle, à savoir "La Colline Oubliée" a suscité un double engouement pour le kabyle. D'abord, il faut relever que c'est un film qui est venu après un long combat, c'est, en somme, le résultat de revendications populaires ayant ponctué le siècle . Ensuite, il y a l'engouement des autorités locales élues (APW et APC). Les deux autres films, "La montagne de Baya" et "Machahou", sont venus dans le sillage de "La Colline Oubliée" en effet boule de neige. Après coup, les clameurs se sont tues. Tout est retombé dans l'endormissement naturel d'un pays qui a ses habitudes, en matière de culture : guetter l'horizon. Avec le temps, une "mercantilisation" irréversible de la société a fait son chemin, a fait ses dégâts. Arrive la terrible "décennie noire" qui achève les espoirs en matière de culture. Parallèlement, sporadiquement, on organise des événements culturels que l'on prévoyait grandioses et qui finissent en pétards mouillés, en "tchouffa", à l'exemple du "millénaire d'Alger" ou "L'année de l'Algérie en France". Ces manifestations plus carnavalesques que culturelles n'ont pas été tenues à l'obligation de résultats. Quand vint "2007, Alger, Capitale de la culture arabe" il est évident et naturel que l'on se devait d'observer une attitude de méfiance à l'égard d'un événement officiel. La réaction des Kabyles qui consiste à grincer des dents est compréhensible. La Kabylie qui sortait du Printemps noir ayant coûté la vie à 123 jeunes attendait des signes forts de la part du pouvoir qui a dressée la région contre l'arabisme officiel. A force d'étouffer une culture amazighe présente sur tout le territoire national - encore une erreur due à la cécité culturelle - les tenants de l'amazighité ont légitimement radicalisé leur position en rejetant l'arabisme officiel. Cependant, la manifestation "2007, Alger Capitale de la culture arabe", concrètement, a permis d'engranger cinq films amazigh : "Mimezrane, la fille aux tresses" (en kabyle et Zénet), "Ayrouwen" (en Tamachaq), "Arezki l'indigène" (en kabyle), "La maison jaune" ( en Chaoui) et "D'un conte à l'autre" (en kabyle). Cette moisson annuelle en tamazight dépasse ce qu'a produit l'Algérie depuis son indépendance à 2007. Et le devoir d'honnêteté nous oblige à reconnaître les faits. C'est la première fois que les différentes composantes de l'Amazighité se trouvent représentées dans le domaine cinématographique. "2007, Alger, capitale de la culture arabe" affiche un bilan positif. La gestion de l'enveloppe accordée au cinéma a été rigoureusement gérée. Témoigne le suivi financier et comptable. Aujourd'hui, nous souhaitons que la volonté politique de relancer la culture ne soit pas un feu de paille, que l'on conçoive une culture qui s'inscrit dans une dynamique durable, permanente. La subvention de la culture est aussi vitale que la subvention du pain. C'est une urgence. Il faut un plan Orsec pour le cinéma. Je pense qu'il est parfois permis d'espérer.
Justement, certaines voix vous font le procès d'avoir fait ce film dans le cadre Alger, capitale arabe…
Objectivement, personne ne m'a fait un procès. Il est vrai qu'en Kabylie, on attend beaucoup de moi. Seulement, ceux qui m'ont proposé de boycotter "2007, Alger capitale de la culture arabe" se sont ressaisis en voyant le film au montage. Il est évident que je n'ai à me justifier aux yeux de personne. J'ai une conscience et il n'est de plus sévère juge que cette conscience. Mais il faut accepter tous les débats. Une société sans polémique est agonisante. En Kabylie, lors de l'avant première de "Mimezrane, la fille aux tresses", le débat a été positif, cordial. Il a rassemblé une forte composante d'universitaires brillants, toutes les tendances politiques étaient représentées. Il n'y a pas eu d'insultes ou autre dérapage. Cette communion m'a ému à un point que je ne saurai décrire. Il n'y avait pas de place aux jugements sans fondement. Ce sont ces rencontres que je voudrais multiplier partout où il me sera possible. Nous porterons le film auprès du public sans distinction. Nous animerons des soirées dès que viendra le redoux. Voyez-vous, dans ma tête, il y a tant de belles choses...
Comment comptez-vous surmonter l'écueil de la distribution du film pour qu'il soit vu du public ?
Lors de l'avant première du film à Tizi Ouzou, nous avons lancé l'invitation à toutes les 67 APC. Nous avons souhaité voir le premier magistrat de chaque commune en compagnie de deux élèves (une fille et un garçon). Pour moi ces collégiens et lycéens seront les meilleurs émissaires pour porter les échos du film auprès de leurs camarades. Le président d'APC est censé ressentir la nécessité de montrer des films pour les citoyens qui l'ont élus. Bien sûr, vous allez me dire que les conditions de projections n'existent pratiquement pas. Et bien, nous allons opter pour la méthode foraine. Nous pensons aux cinés bus. A défaut, nous projetterons la cassette IMX qui est d'une excellente qualité. Nous ferons tout ce que nous pouvons pour ramener le film au public. Cet été, nous espérons mettre un peu de lumière dans les villages pour faire reculer la grisaille habituelle. Rendez-vous est déjà pris avec certaines APC. Pour ce qui est de la distribution à l'extérieur du pays, "Mimezrane, la fille aux tresses" est pris en charge pour tout le territoire européen francophone européenne, à savoir, France, Belgique, Suisse, Luxembourg.
Mimezrane a été projeté en avant-première à Cork en Irlande, puis à Alger, à Sétif et Tizi Ouzou. Quelle a été l'attitude de ces différents publics, sachant que le film est fait en tamazight ?
Que cela soit à Cork, à Roubaix, à Alger ou à Sétif, le film a eu un accueil des plus favorables. Le fait que cela soit fait en tamazight n'a fait qu'augmenter l'intérêt pour ce film. Je souligne encore une fois que ce genre de film lève la méfiance à l'égard des cultures nationales. Le public trouve son compte dès qu'il est en face d'un film qui véhicule des valeurs humaines. A Cork, je pense que j'ai représenté dignement mon pays. La salle était pleine. L'occasion m'a été donnée de dire que, dans mon pays, on fait encore des films, que l'Algérie n'est pas un immense abattoir comme veut le représenter une opinion démagogique surfaite. A Roubaix, j'ai vu un public, algérien dans sa majorité, attendre dès l'aube "Mimezrane la fille aux tresses". Parmi ce public, il y avait des personnes âgées. Ils ont patienté malgré le froid. Ils ont vu le film dans un silence religieux. Ils ont souhaité une seconde projection pour leurs amis qui n'ont pas été informés à temps. Les réactions ont été profondément humaines. Ils étaient heureux de rêver durant 101 minutes. Je pense leur avoir offert leur pays, l'Algérie, pendant un certain temps. A Alger comme à Sétif où le film a été primé, le public a été favorable. L'Algérien n'est pas de tendance renégate dès qu'il s'agit de culture. Les chauvinismes s'aplanissent à mesure que se dépoussièrent les miroirs censés refléter notre réalité identitaire. Seulement, je pense que le public attend de nous des films de qualité. Il faut un SMIG professionnel, esthétique. Autrement dit, je suis personnellement contre la consommation indigeste par nationalisme. Un mauvais film est autant mauvais pour un Algérien, un Lapon, ou un Malgache.
Avez-vous gagné beaucoup d'argent en réalisant ce film ? Sinon, qu'est-ce qui vous a motivé pour le faire ?
Le travail que je fais me permet de vivre décemment sans pour autant verser dans le faste. Je pense que la vision d'artiste sacrifié, phtisique et miséreux est révolue. Un cinéaste ne doit pas hésiter, pour des raisons économiques, à effectuer un voyage, acheter un livre ou se permettre un outil moderne de travail. Nous avons besoin de toute notre liberté et d'un minimum de conditions vitales. Je pense que j'ai acquis le minimum dont je vous entretiens à ma sueur. Je ne fais pas partie de ceux qu'on a habitués aux cadeaux ou à la vie facile. Je trime durement. J'ai plusieurs cordes à mon arc. Autrement dit, au-delà du gain matériel, il y a la satisfaction d'aboutir, de se réaliser. Un film, un livre qui s'ajoute, en jalon dans notre carrière, est important. Il y a aussi ce sentiment sacré d'utilité que j'ai découvert grâce à mes amitiés les plus éprouvées. Par mon travail, je me sens utile aux miens, à ceux qui m'entourent et comptent dans ma vie, à mon pays. A partir d'un certain âge, nous n'avons plus à prouver quoi que ce soit. Les défis perdent en intensité et laissent la place à une maturation moins bruyante. Nous gagnons en l'endurance dans l'effort. Le cycle prend une autre dimension. Je me sens plus capable de patience à poursuivre longuement un rêve. Je ne demande plus du tout cuit immédiat. Je prends autrement le temps. C'est avec le temps que nos visages se transforment en parchemins. Nos engagements, nos émotions empruntent la même patience au temps qui tempère nos heurts les plus intimes. Ce qui ne signifie point que nous avons entamé nos extinctions. Je reste attentif aux moindres vibrations.
Des projets ?
Beaucoup de projets. Un long-métrage intitulé " Droit d'aînesse ", un autre sur Fatma n'Soumeur en collaboration avec Younès Adli. Le projet est déposé au FDATIC. Je compte créer un atelier d'écriture à Tizi Ouzou, une sorte d'espace de création. Parfois, je sens que la liberté de création me donne des ailes. Mes projets aboutissent doucement.


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