Les funérailles de Imad Moughnieh à Beyrouth ont fait monter la tension entre le Hezbollah, dont il était un responsable de l'ombre, et Israël, qui s'attend à des représailles bien qu'il nie officiellement être à l'origine de son assassinat, mercredi, à Damas. Mais les craintes que la démonstration de force du principal mouvement d'opposition libanais n'avive la crise politique à Beyrouth au moment où la majorité anti-syrienne marquait le troisième anniversaire de la mort de Rafic Hariri ne se sont pas avérées, a relevé Reuters. Lors des obsèques de Moughnieh, tenu pour responsable de la mort de centaines de personnes depuis plus de 20 ans, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a promis de venger sa mort, selon lui, intervenue « hors du champ de bataille naturel » israélo-libanais. Nasrallah a souligné le caractère symbolique de l'assassinat tant par son lieu (Damas), son timing (la veille du rassemblement à Beyrouth pour le troisième anniversaire de l'assassinat de Rafic Hariri) et la méthode (l'explosif fatal a été placé dans l'appuie-tête du siège du véhicule de Moughnieh). « Sionistes, si vous voulez ce type de guerre ouverte, alors le monde entier doit entendre ceci : qu'une guerre ouverte soit ! », a dit Nasrallah qui, lui même traqué par Israël, s'adressait à la foule d'un lieu secret via une liaison vidéo. Nasrallah a rappelé que la guerre de juillet 2006 n'est pas finie, puisque jusqu'à aujourd'hui, aucun cessez-le-feu n'a été officiellement décrété. « Elle se poursuit politiquement, matériellement, médiatiquement et sur le plan sécuritaire », a-t-il affirmé soulignant que « ces propos ne sont pas prononcés sous le coup de l'émotion ou par réaction à l'assassinat de hajj Imad. Ils sont l'expression d'une méditation calme ». En soirée, à la sortie d'un entretien avec M. Mottaki, de passage à Damas, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a affirmé que la Syrie présenterait prochainement des « preuves tangibles » sur les auteurs du « crime lâche », sans mentionner Israël. De source proche du Hezbollah, on excluait à Reuters une « réaction à chaud » mais on laissait présager des « représailles marquant un changement des règles du jeu », tandis que les responsables de la sécurité israéliens disaient « tirer les leçons du passé pour se préparer aux scénarios futurs ». En prévision de représailles, l'Etat hébreu a placé jeudi ses ambassades et autres représentations à l'étranger en état d'alerte maximale pour plusieurs semaines, et a mis en garde ses ressortissants contre les risques d'enlèvement. Il a par ailleurs accru sa vigilance militaire à la frontière avec le Liban. Tout en admettant que l'attentat à la bombe qui a coûté la vie à Moughneih, surnommé le « renard » ou « le fantôme » était un rude coup pour le Hezbollah, dont il dirigeait la sécurité durant la guerre civile libanaise de 1975-90, Nasrallah a affirmé que la capacité militaire du mouvement n'en était pas affectée. Si de nombreux experts voient effectivement la marque du Mossad dans cet assassinat, une partie de la presse israélienne s'interroge : « Cela valait-il de risquer une vengeance du Hezbollah, sous la forme d'un attentat terroriste à l'étranger ou autre ? » . R. I.