Israël prenait hier très au sérieux les menaces du Hezbollah libanais de venger l'assassinat d'un de ses chefs, qu'il lui impute, s'attendant à des attentats à l'étranger contre ses ressortissants ou des Juifs. Israël, accusé par le mouvement chiite d'avoir tué Imad Moughnieh, a mis son armée en état d'alerte surtout sur la frontière nord, avec le Liban, lancé des appels à ses ressortissants à l'étranger à prendre des précautions exceptionnelles et renforcé la sécurité de ses représentations diplomatiques. L'Etat hébreu, selon les médias, s'inquiète particulièrement du risque d'enlèvements de généraux de réserve et autres personnalités en voyage à l'étranger. Imad Moughnieh, homme clé des opérations armées du Hezbollah, tué dans un attentat à la voiture piégée mardi à Damas, était recherché depuis une vingtaine d'années par Interpol, les Etats-Unis et Israël ayant été soupçonnés d'une série d'attentats et d'enlèvements. Lors de ses obsèques jeudi dans la banlieue sud de Beyrouth, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré une “guerre ouverte” à Israël. “Ô sionistes, vous avez assassiné en dehors du territoire naturel du combat (le Liban), vous avez dépassé les frontières”, a-t-il dit, menaçant implicitement les Israéliens de représailles à l'extérieur de leur territoire. “C'est une déclaration de guerre”, a titré le quotidien israélien Maariv. Pour son confrère Haaretz, “l'assassinat du numéro deux du Hezbollah a permis de se débarrasser d'un maître d'œuvre du terrorisme international, mais rend Israël vulnérable à une escalade militaire”. “Trop tôt pour sabler le champagne”, écrit-il en une, signifiant qu'Israël ne devrait pas se réjouir prématurément. Israël a officiellement démenti toute implication dans l'assassinat de Moughnieh, mais n'a pas caché sa satisfaction pour sa mort. Selon les médias israéliens, il était dans la ligne de mire des services secrets israéliens, le Mossad. Le chef du “Bureau de la lutte antiterroriste”, relevant de la présidence du Conseil, le général de réserve Nissan Uriel, a répété les strictes consignes de prudence aux Israéliens à l'étranger. Il leur a recommandé de ne pas se rendre “dans des pays arabes et musulmans”, d'éviter où qu'ils soient de se retrouver en groupe. Il a appelé les familles en Israël “d'avertir immédiatement leurs proches à l'étranger des risques”. “Ces consignes de caractère général sont nécessaires car le Hezbollah a prouvé dans le passé ses capacités de frapper”, a-t-il dit à la radio. Pour leur part, les forces terrestres, aériennes et navales d'Israël ont été mises en alerte. Selon des sources militaires, les permissions ont été annulées pour les forces déployées à la frontière syrienne et libanaise, des unités ont été envoyées en renfort, et la défense passive a examiné l'état des abris. R. I./Agences