Il est reproché à l'accusé d'avoir subtilisé deux cartes téléphoniques d'une valeur de 1000 DA : 1 an de prison avec sursis et 100 000 DA d'amende. La Chambre pénale du tribunal d'Hussein Dey a eu à traiter, le 17 février dernier, plusieurs affaires de différents délits. Entre autres, le vol de deux cartes téléphoniques de 500 DA chacune. L'accusé, un homme de 46 ans, n'avait jamais mis les pieds dans un tribunal. Il découvre les lieux. Une salle bourrée de monde, la tribune des magistrats, des avocats, des policiers... La mine anxieuse, le mis en cause est tenu avec respect par le policier de faction. L'accusé, qui se dirige lentement à la barre, fait partie d'un groupe de détenus que la navette pénitentiaire vient de ramener de la maison d'arrêt d'El Harrach. Il doit répondre de son forfait après avoir entendu l'acte d'accusation. « Vous avez subtilisé deux cartes téléphoniques à un de vos collègues. Il s'agit d'un délit répréhensible par la loi, le savez-vous ? », questionne le président. « Je n'ai pas volé, M. le président », répond l'homme sur un ton hésitant. Le juge parcourt des yeux le dossier où sont consignés les aveux du prévenu. La genèse de l'affaire. « Pourquoi ne pas reconnaître les faits. Ce serait bien pour votre intérêt ! », poursuit le magistrat, l'œil toujours rivé sur le dossier. « Dîtes-moi que vous avez volé les cartes et que vous les avez ensuite utilisées pour vos appels. Vous l'avez pourtant reconnu chez la police et le juge d'instruction », poursuit le juge, semblant cette fois moins patient qu'au début de l'interrogatoire. Le magistrat s'adresse au procureur. Six mois de prison ferme est la peine requise par le représentant du ministère public. Vient ensuite le tour de la défense représentée par Me Mehdi Mennaceur. L'avocat tient tout d'abord à citer l'article 350 du code pénal. L'article qui stipule : « Quiconque soustrait frauduleusement quelque chose qui ne lui appartient pas est coupable de vol et puni d'un emprisonnement d'un an au moins et de cinq ans au plus et d'une amende de 5000 à 20 000 DA. » En évoquant l'article 350, l'avocat tient à signifier au tribunal que l'acte commis par son mandant est répréhensible par la loi et qu'il serait, dit-il, « la dernière robe noire à se mettre du côté de la délinquance ». Et de plaider : « Un vol reste un vol. Je me dois de combattre ce fléau. Mais, je me permets d'attirer l'attention du tribunal que mon mandant n'a jamais eu de démêlés avec la justice. J'en appelle à la clémence du tribunal, en restant confiant quant au sens de l'équité de cette honorable institution. J'ose espérer que deux malheureuses cartes téléphoniques de 1000 DA ne seront pas la cause d'un malheur que mon mandant traînera sans doute à vie ». Le verdict tombe : un an de prison avec sursis et une peine assortie d'une amende 10 millions de centimes.