Elle a vingt ans et toutes ses dents...de jeune louve du cinéma français. Elle s'appelle Hafsia Herzi, révélée et saluée dans le film La Graine et le mulet de Abdellatif Kechiche et récompensée par le prix de la meilleure jeune actrice à la Mostra de Venise Vous avez vraiment crevé l'écran dans le film La Graine et le mulet de Abdellatif Kechiche...Et puis, l'actrice canadienne, Marie Josée-Croze ne tarit pas d'éloges à votre endroit... Oh, j'aime beaucoup Marie-Josée Croze. Et c'est vrai, en plus ! Comment s'est faite la rencontre avec Abdellatif Kechiche ? En fait, j'ai commencé par faire de la figuration.C'était à l'issue d'un casting pour un rôle à Marseille. J'ai été retenue. Après, j'ai rencontré Abdel (Abdellatif Kechiche) et très vite je me suis retrouvée à Paris pour les répétitions. Abdel, c'est quelqu'un de très humain, génial, généreux et de vraiment gentil. Il est aussi exigeant et perfectionniste. Il aime son métier. J'ai adoré refaire les prises. Vous donnez la réplique à l'acteur Habib Boufarès dans une bonne intelligence. Bien que vous soyez d'une autre génération... Moi, dans la vie, j'ai beaucoup d'admiration pour cette ancienne génération. Oui, on se comprenait. Mon personnage est très naturel, voyant les choses simplement. Un rôle facile ? Non, c'est dur ! De toute façon, tout est dur. C'est une question de concentration et il faut s'imprégner du personnage. Et puis, il y a mon approche personnelle. Je me dis : ‘'Allez, c'est toi ! Que ferais-tu dans une telle situation ?” Je n'essaie pas “d'intellectualiser”, mais plutôt de vivre les choses. Cependant, quand je tourne, je suis trop sérieuse comme à l'école.(Rires) Justement, La Graine et le mulet est un film très vivant et dramatique et d'un grand réalisme portant sur l'exil, l'intégration, le déracinement, la précarité, les disparités sociales... Oui, c'était la réalité et la vie. Le film retraçait des situations qui ne m'étaient pas étrangères, quoi ! Les dialogues sont élaborés avec des trouvailles... Absolument ! Les dialogues sont très bien écrits. Abdel les adaptait en fonction de nos propositions. Il est très ouvert. C'est ce qui est génial chez lui. On fait ce qu'on veut. Il faut juste ne pas sortir du champ. Vous rêviez de faire du cinéma ? Oui, j'ai toujours rêvé de faire du cinéma. Depuis l'âge de deux ou trois ans. En fait, je voulais être chanteuse. Mais je n'avais pas la voix. C'est le cinéma qui m'attirait. On dit que l'actrice Emmanuelle Béart vous inspire... J'adore Emmanuelle Béart. j'ai vu plusieurs de ses films. Je la trouve très belle. Et puis, elle a une présence, une personnalité... Elle est parfaite ! J'aime l'actrice qu'elle est. Il y a aussi Sami Bouajila. C'est un acteur qui a du charisme. On sent qu'il aime son métier. J'ai tourné avec l'actrice Hiam Abbas que je trouve géniale. Je l'admire, vraiment ! On me compare à Sandrine Bonnaire, à ses débuts.(Rires). J'espère que cela va continuer et faire une carrière comme la sienne. Vous vous êtes totalement investie dans le film La Graine et le mulet en prenant 15 kilos pour les besoins de votre rôle... Oui, 15 kilos. Quand Abdel m'a demandé de prendre du poids, j'ai cru à une plaisanterie. Et comme j'ai vu qu'il était sérieux, je me suis ravisée. Il m'a convaincue en évoquant ses raisons. J'ai vu que c'était justifié. Je lui ai fait confiance, quoi ! Cela m'a aidé pour le jeu. Dans un autre film, vous avez relevé le défi d'apprendre l'accent irakien... Oui, j'ai appris l'irakien. C'était pour un film que j'ai tourné en Egypte. C'est l'histoire d'un soldat irakien et une femme sur fond de guerre. Vous êtes nommée pour le César du meilleur espoir féminin. C'est encourageant... Inch'Allah, on verra ! C'est déjà bien d'être nommée parmi les cinq actrices. Aimeriez-vous tourner en Algérie ? Oui, je me rendrai en Algérie, si le scénario me plaît. Au contraire, cela fait plaisir ! Vous savez, je suis d'origine algérienne et tunisienne. J'aime beaucoup l'actrice Beyouna et ce que fait Nadir Moknèche. Quel serait le rôle de votre rêve ? Une princesse des Mille et Une Nuits.(Rires). Une Shérazade dont on tombe amoureux. Sinon, j'aimerais interpréter l'espionne Mata Hari. Mais tout le monde me dit que je suis jeune pour le rôle.(rires) Qu'est-ce qui vous horripile ? C'est le manque d'humanité. Qu'est-ce qui vous donne de l'espoir ? Faire un film comme La Graine et le mulet. J'espère réussir inch'Allah ! Ne pas avoir de regrets.