Le prix Louis-Delluc 2007, communément connu sous l'appellation du " Goncourt du cinéma", est allé cette année et contre toute attente à La graine et le mulet, un film qu'a signé le jeune cinéaste franco-tunisien Abdellatif Kechiche. Créé en 1937 en hommage au cinéaste et écrivain Louis Delluc, le premier journaliste français spécialisé dans le cinéma et fondateur de ciné-clubs, ce prix distingue chaque année le meilleur film français. L'an dernier le " Goncourt du cinéma " est allé à Lady Chatterley de Pascale Ferran, et le prix Louis-Delluc du premier film au Pressentiment, première œuvre du comédien Jean-Pierre Darroussin. Portrait chaleureux mais aussi touchant d'une famille franco-tunisienne, qui se débat entre deux cultures, deux terres et plusieurs idéologies, La graine et le mulet a déjà fait le tour des grands festivals de Bastia, de Mostra de Montpellier …en sélection officielle et a partout reçu une inaltérable admiration du public. " Ce prix me touche beaucoup, c'est un hasard, il arrive le jour de la sortie du film... ou peut-être est-ce le destin ? ", a lancé le réalisateur tout sourires, en recevant son prix. "Je remercie ce jury composé de gens qui ont une immense passion du cinéma, et dont l'analyse et le regard ont toujours été pour moi un moteur pour avancer ", a-t-il ajouté. Synopsis du film : "Sète, le port. Monsieur Beiji, la soixantaine fatiguée, se traîne sur le chantier naval du port dans un emploi devenu pénible au fil des années. Père de famille divorcé, s'attachant à rester proche des siens, malgré une histoire familiale de ruptures et de tensions que l'on sent prêtes à se raviver, et que les difficultés financières ne font qu'exacerber, il traverse une période délicate de sa vie où tout semble contribuer à lui faire éprouver un sentiment d'inutilité. Une impression d'échec qui lui pèse depuis quelque temps, et dont il ne songe qu'à sortir en créant sa propre affaire : un restaurant. Seulement, rien n'est moins sûr, car son salaire insuffisant et irrégulier, est loin de lui offrir les moyens de son ambition. Ce qui ne l'empêche pas d'en rêver, d'en parler, en famille, notamment. Une famille qui va peu à peu se souder autour d'un projet, devenu pour tous le symbole d'une quête de vie meilleure. Grâce à leur sens de la débrouille, et aux efforts déployés, leur rêve va bientôt voir le jour...Ou, presque... " Déjà acclamé en septembre au dernier Festival de Venise, où il a remporté trois récompenses dont le Prix spécial du jury et celui de la meilleure révélation, décerné à la jeune Hafsia Herzi, 20 ans, La Graine et le mulet raconte, à la façon d'une épopée, comment un vieil immigré, ouvrier licencié des chantiers navals, se lance dans l'ouverture d'un restaurant de couscous au poisson (la semoule ou " graine ", et “le mulet”) sur un vieux rafiot rongé par la rouille. Son auteur, aborde la crise de l'emploi dans ce troisième film humaniste et sensible, après avoir évoqué la dureté de l'immigration dans La faute à Voltaire (2000) puis les quartiers populaires des banlieues avec L'Esquive, récompensé de quatre César en 2004. La sortie en France de ce film s'est déroulée le 12 décembre dernier.