Le déficit chronique enregistré dans le secteur de l'habitat, conjugué à la précarité d'un grand pan du parc logements et à la dégradation avancée d'une grande partie des anciennes habitations, fait que le marché de l'immobilier se détériore. La situation se caractérise, notamment, par une offre non adaptée à la demande, sur les plans quantitatif et qualitatif. L'accroissement de la population, induisant des besoins supplémentaires, a davantage aggravé la crise, d'autant plus que la réalisation immobilière reste insuffisante, et les stratégies mises en place pour tenter de résorber la crise se sont avérées inefficaces. Pendant longtemps, l'Etat a exercé le monopole sur le marché en qualité de pourvoyeur d'habitat, du fait que le marché était fermé au privé, et l'accès au logement était tributaire des seuls programmes locatifs publics. Les ressources budgétaires colossales consacrées à l'habitat n'ont pas pour autant réduit la crise ni atteint l'objectif, qui est celui du droit au logement, assigné à la politique de ce dernier. Le fossé qui sépare l'offre de la demande s'est davantage creusé, sous les effets de la croissance démographique en plus d'un exode rural encouragé par la politique de développement industriel. L'initiative émanant du privé, qui aurait pu constituer un apport complémentaire à l'effort public, ne pouvait émerger, les transactions foncières entre particuliers étant interdites. Durant les années de crise, l'Etat a vu ses capacités financières se réduire, et les pouvoirs publics se sont donc rendu à cette évidence : le marché de l'immobilier doit s'ouvrir au privé pour que l'Etat puisse se consacrer à la prise en charge des besoins des couches démunies qui, elles, ne peuvent accéder au logement. Si à la fin des années 1980, le monopole d'Etat n'existait déjà plus, il aura fallu attendre ces dernières années pour encourager, un tant soi peu, les promoteurs privés à développer la construction, avec un financement sur fonds d'épargne. Mais les demandeurs ne sont pas encore au bout de leur peine, puisque même les programmes promotionnels, y compris ceux réalisés par des entreprises étrangères, traînent en longueur. Les délais de réalisation, qui n'ont pas été respectés, constituent le talon d'Achille de ces programmes.