Photo : S. Zoheïr Par Billal Larbi Le logement. Voici un sujet extrêmement sensible dont les répercussions sur l'individu et la société sont indéniables. N'a-t-on pas assisté à des émeutes, notamment dans des villes de l'intérieur du pays, suite à une distribution de logements jugée arbitraire ? De nos jours, de nombreux pans de la société souffrent d'une grande promiscuité. La crise est si aiguë que posséder un logement est assimilé à un luxe. Pour d'aucuns, ce sont les années de violence qui sont derrière l'exacerbation de la crise du logement dans notre pays. «Dans les années 1980 et 1990, les prix des logements étaient relativement abordables. Mais avec le terrorisme, ce fut la métamorphose. Les prix des logements sont montés en flèche. La même chose peut être dite au sujet de la location. Fuyant le spectre terroriste, les habitants des campagnes acceptaient n'importe quelle location, fût-elle exorbitante. Sauver sa peau passait avant toute autre considération», nous dira un septuagénaire rencontré dans un marché de la capitale. Cet état de fait est perceptible à Alger où, comme tout un chacun le sait, avoir un logement n'est pas à la portée du premier venu. Les prix de l'immobilier ont connu une telle flambée ces dernières années qu'il ne serait pas exagéré de dire que la ville est classée parmi les plus chères du Bassin méditerranéen. Faute de pouvoir disposer d'un logement, d'aucuns n'ont d'autre choix que de louer. Mais là aussi, c'est la désillusion. Evidemment, ces sommes faramineuses échappent au Trésor public à cause du phénomène de la sous-déclaration. En Algérie, une famille à revenus moyens doit épargner tous ses revenus annuels pendant au moins 10 ans pour être en mesure d'acheter un logement de qualité moyenne dans les grandes villes. Dans ces conditions, le secteur informel du logement ne pouvait qu'avoir le vent en poupe. Tous ceux que nous avons rencontrés sont unanimes pour dire que le problème en Algérie est plus lié à la cherté qu'à une pénurie de logements. En d'autres termes, il y a lieu de parler plus d'accessibilité que de disponibilité. Outre ce qui précède, il y a lieu de relever un phénomène qui a contribué à exacerber la crise en matière de logement. Du fait que l'écrasante majorité des Algériens est concentrée dans le Nord du pays, on peut constater que de nombreux logements sont inoccupés dans le sud de l'Algérie. Pour ce qui est de l'asphyxie constatée au niveau des grandes villes, d'aucuns proposent en guise de solution de renforcer le processus d'aide à la construction du logement rural afin de retenir les populations dans leurs régions d'origine. «Beaucoup ont profité de l'anarchie qui régnait au milieu des années 1990 pour venir dresser une tente [à la périphérie des villes] dans l'espoir de bénéficier d'un logement. Pour convaincre ces populations de retourner dans leurs régions, il est urgent de leur faciliter l'octroi des aides à la construction du logement rural», relèvera un confrère habitant la capitale, non sans signaler que le fait que les paysans aient quitté la campagne (ce qui a influé sur l'agriculture, dont celle de la montagne) explique en grande partie la flambée chronique des fruits et légumes. Pour les citoyens, les efforts déployés par l'Etat en vue de construire un plus grand nombre de logements doivent être mis en évidence. Toutefois, l'aspect finition doit avoir droit de cité. «Des appartements n'ont pas été construits dans les règles de l'art, certains entrepreneurs étant partisans de la politique du moindre effort. Une fois que les clés de votre appartement vous sont remises, vous vous apercevez, à votre grand dam, qu'il vous faudra encore mettre la main à la poche en vue de procéder à des aménagements. En outre, beaucoup d'immeubles manquent d'électricité et de gaz. Pour les espaces verts, mieux vaut ne pas en parler. Il faut mettre le holà à cette situation», tiendra à nous dire un récent bénéficiaire d'un logement de type LSP.