Dimanche prochain, 24 février, le corps arbitral se prononcera sur la proposition « une journée de championnat sans arbitres » émise par l'Association nationale des arbitres de football (ANAF) que préside l'ancien arbitre international, Abderrahmane Bergui. Les hommes en noir sont conviés à une assemblée générale à Alger, au cours de laquelle ils décideront s'ils doivent ranger ou non leur sifflet, lors de la journée de championnat programmée le 29 février 2008. A la veille de ce rendez-vous, des referees (internationaux) ont accepté de s'exprimer sur le sujet et bien d'autres aspects de l'arbitrage. Pour Djamel Haïmoudi, qui revient de la CAN 2008, où il a laissé une forte impression, à l'instar de ses collègues Mohamed Benouza et Brahim Djezzar, « la réunion du 24 février devrait nous permettre de dégager la marche à suivre par rapport à tout ce qui se dit et se passe dans le football. Je pense qu'il y a plusieurs actions à proposer pour rétablir la situation. Nous (arbitres) devons être solidaires et adopter une attitude commune pour nous défendre contre les attaques gratuites dont nous sommes victimes. Notre conscience nous dicte de prendre nos responsabilités et soutenir notre association dans toutes ses actions en faveur des arbitres », note le jeune arbitre international. Il ajoute : « Les arbitres sont régulièrement critiqués et accusés de choses très graves. Que les détracteurs du corps arbitral en réfèrent à la structure qui gère l'arbitrage à chaque fois qu'il y a problème, au lieu de balancer n'importe quoi ! » Son collègue, Mokhtar Amalou, abonde dans le même sens : « Je pense que l'heure de vérité a sonné. Chaque acteur du football doit prendre ses responsabilités et les assumer sans aucune faiblesse. C'est facile de charger les arbitres lorsqu'un match ne tourne pas comme le souhaitent nos détracteurs. Tout le monde parle de corruption, mais personne n'ose aller jusqu'au bout, c'est-à-dire dénoncer, porter plainte et laisser la justice faire son travail. Nos accusateurs se rétractent toujours au moment où ils doivent confirmer leurs déclarations et propos. » Des accusations sans suite ! Effectivement, aucune suite n'a encore été donnée aux accusations de corruption proférées par des dirigeants, entraîneurs et joueurs. Elles restent toujours sans suite. Mokhtar Amalou pense que « l'ANAF aura du pain sur la planche en réagissant à toutes les accusations contre les arbitres. Leurs auteurs doivent répondre devant les juridictions compétentes. C'est le meilleur moyen, je crois, de clarifier la situation », souligne « l'intellectuel » du corps arbitral. Sur l'ordre du jour de l'assemblée générale du 24 février, Mokhtar Amalou émet un avis : « Les arbitres feront connaître leur position par rapport au contenu de l'ordre du jour de la réunion, à savoir une journée sans arbitres. S'agissant de cette option, je suis favorable à toute action qui valorise la fonction de l'arbitre. Ce dernier est le bouc émissaire idéal pour ses détracteurs. Cette situation doit cesser. » Commentant l'étape actuelle que traverse le corps arbitral, Mokhtar Amalou avance : « L'arbitre vit des moments pénibles. Personne ne l'épargne. Notre salut passe, obligatoirement, par une solide organisation autour de notre association pour nous défendre contre ceux qui cherchent à nous salir à tout prix. » Abdeslam Khelifi, récemment promu au rang d'arbitre directeur international, rejoint son collègue dans l'analyse de la situation qui prévaut autour de l'arbitrage : « par la force des choses, l'arbitre est devenu le dernier acteur du football. Il est soumis à une très forte pression, accusé de tous les maux, il souffre souvent du manque de considération de la part de ses propres responsables, sans parler des présidents, entraîneurs et joueurs qui ne se gênent plus pour le descendre en flammes, sans que quiconque ne lève le petit doigt pour le défendre... Nos instances doivent défendre les arbitres et les sanctionner lorsqu'ils échouent dans leur mission. Je lance un appel à tous mes collègues pour leur demander de faire front avec notre association et de prendre la meilleure décision, le 24 février », conclut le jeune referee de Aïn M'lila. Mohamed Bichari (arbitre international) est tout aussi tranchant que ses collègues, « enfin, se présentent aux arbitres l'occasion et le cadre de se faire entendre par rapport à la situation qu'ils vivent sur le terrain. Le 24 février, les arbitres devront prendre toutes les initiatives nécessaires pour une meilleure prise en charge de leur corps en association avec l'ANAF et la FAF. Ceux qui ont en charge le football et l'arbitrage doivent prendre les mesures qui s'imposent à chaque fois que la situation l'exige. Ce week-end, des arbitres ont été agressés à Bou Saâda. Il faut réagir avant qu'il ne soit trop tard », préconise le médecin-arbitre.